Mon constat est légèrement différent : tout a changé lors des trois dernières années. Avant la crise du covid, la question de l'influence de la Chine se posait peu ; mais cela n'est plus le cas aujourd'hui. Ce sujet est désormais de première importance, au sein des communautés scientifiques mais également des médias.
Incidemment, les travaux menés sur la question des Ouïghours ont prouvé qu'il est possible de travailler sur un système fermé comme celui de la Chine. Je pense notamment à ceux d'Adrian Zenz, sinologue et tibétologue allemand qui a été le premier à alerter sur la situation des Ouïghours au Xinjiang en recueillant des informations irréfutables. En contrepartie, il a été victime de campagnes de dénigrement et ne peut plus se rendre en Chine.
Néanmoins, le travail est mené ; la meilleure illustration en est l'effondrement de l'image de la Chine dans le monde. Il y a vingt ans, la Chine bénéficiait par exemple d'une opinion positive à 70 % en Corée du Sud, contre seulement 19 % aujourd'hui. Cette image s'est dégradée un peu partout dans le monde. Certes, il convient de faire une distinction selon la richesse des pays : l'image de la Chine est plus négative dans les pays riches que dans les pays pauvres, où les Chinois peuvent encore acheter une bonne image et jouer sur une opinion très anti-occidentale ou anti-européenne – et ils ne s'en privent pas !