S'agissant de l'EPR, j'ai vu, entendu et ai fini par penser moi-même, qu'il est démesuré. Un très grand nombre d'acteurs de la filière nucléaire ne sont pas convaincus par ce modèle de réacteur. Les échanges que j'ai eus avec le PDG d'EDF m'ont montré qu'il partageait ce point de vue.
Avec M. Henri Proglio, nous entretenions des relations franches. Nous ne partagions pas du tout la même vision de l'avenir de la politique énergétique, ce qui ne signifie pas que nous n'étions pas capables de nous comprendre sur un certain nombre de sujets, en particulier la trajectoire tarifaire d'EDF. Je ne me suis pas cachée, toutefois, de souhaiter son remplacement, que je n'ai pas obtenu. Toutefois, je suis vite arrivée à la conclusion que le problème excédait le choix du PDG d'EDF.
Cette réflexion m'a amenée à plaider en faveur de la nationalisation. Un autre argument joue en ce sens : l'hydroélectricité, qui représente 68 % de notre capacité de pointe. C'est un bijou du patrimoine national qui doit rester dans le giron public. S'il était question de privatiser 20 % du parc nucléaire français, je pense qu'on en parlerait tous les jours.
Je n'ai pas demandé à M. Henri Proglio son avis sur ce qui n'est jamais devenu un projet. J'avais demandé au Président de la République et au Premier ministre que l'on étudie la possibilité juridique et budgétaire de renationaliser EDF, ce qui aurait permis de reprendre la main et d'assurer, sur le plan juridique, l'avenir des barrages hydrauliques.