Notre commission doit regarder les éléments factuels de l'affaire, mais c'est aussi le système tout entier qui nous intéresse, puisque la contribution que nous souhaitons apporter vise à l'améliorer. Or, sans vouloir trop anticiper sur mon rapport, il y a dans ce système des défaillances qui peuvent donner lieu à des incidents dramatiques comme celui dont nous parlons.
Dans le rapport de l'IGJ, il est indiqué que la maison centrale d'Arles ne vous a pas informées de l'agression : vous l'avez apprise par les médias. Cela semble singulier. Mon impression, après plusieurs semaines d'auditions, est qu'il y a un problème de cloisonnement des informations. Vous nous dites en réponse à l'une de nos questions que, certainement, l'administration pénitentiaire sait. On constate parfois une étanchéité entre renseignement pénitentiaire et renseignement intérieur, voire des contradictions. Par exemple, interrogé sur l'appartenance de M. Elong Abé au « haut du spectre », le renseignement pénitentiaire, central comme décentralisé n'a pas la même appréciation que M. Lerner, patron du renseignement intérieur, qui nous a dit « bien sûr ! », ce que M. Nuñez a confirmé le lendemain sans même que nous lui posions la question. Ne considérez-vous pas, au-delà du sujet qui nous occupe, que les cloisonnements nuisent à votre appréciation dans le cadre professionnel ?