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Intervention de Maxime Minot

Réunion du mercredi 15 février 2023 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaxime Minot :

L'émergence des réseaux sociaux a fortement transformé les relations humaines, notamment chez les adolescents. Nous ne pouvons freiner cette évolution numérique et c'est bien là ce qui nous inquiète. Par ailleurs, l'utilisation des réseaux sociaux a été renforcée par la crise sanitaire et les nombreux confinements. Les jeunes ont fait de leur besoin d'être vus et reconnus une obsession, ils modifient leurs comportements et subissent les conséquences d'une société numérique basée principalement sur le paraître.

Faut-il nous inquiéter de cette omniprésence numérique dans la vie des adolescents ? Ces habitudes sont-elles la cause des problèmes que rencontrent les jeunes ? Votre exposé des motifs est formel : mauvaise santé mentale, manque de confiance en soi, troubles de la personnalité et dépression, notamment chez les adolescents, ne font que s'intensifier depuis l'apparition des réseaux sociaux. Ce problème de société n'est pas nouveau, de nombreuses voix s'en sont inquiétées et, après la crise sanitaire, plusieurs tribunes ont sonné l'alarme. Pourtant, les responsables politiques ont fait la sourde oreille et se retrouvent aujourd'hui confrontés à une situation qu'ils peinent à contrôler. Le contrôle doit être parental mais il doit aussi être imposé par la loi. À ce titre, cette PPL est importante.

Le philosophe et essayiste français Gaspard Koenig a mis en lumière ce problème, comparant l'addiction aux réseaux sociaux à la dépendance à l'alcool. Il observe que les adolescents ont des comportements similaires dans l'ivresse alcoolique et dans l'ivresse créée par les plateformes numériques : désinhibition, agressivité gratuite, insultes, facilité à la déprime, sensation de cohésion sociale ou d'isolement, euphorie, image de soi dégradée ou surestimée.

À cet égard, l'État doit jouer pleinement son rôle. Certes, toute personne majeure peut vivre librement sa vie, dans le respect de la loi. Toutefois, dans le cas de personnes mineures, l'État a un rôle à jouer, notamment en matière d'épanouissement intellectuel et social. Il faut donc imposer des règles comme celle de la majorité numérique, qui est actuellement de 13 ans pour les réseaux sociaux mais reste symbolique.

Si le groupe Les Républicains soutient pleinement ce texte, nous avons quelques inquiétudes et réserves. D'abord, il serait préférable de porter la majorité numérique proposée à 16 ans, afin de s'aligner sur les règles européennes et de revenir à la position défendue par la France dans le cadre des échanges autour de la création du règlement général sur la protection des données (RGPD).

De plus, nous nous interrogeons sur la responsabilité des plateformes. En effet, pour parvenir au respect de cette majorité numérique, vous comptez sur les opérateurs des réseaux sociaux ; comment imaginez-vous ce partenariat d'un point de vue légal ? Envisagez-vous un contrôle restrictif du respect de cette majorité au moyen, par exemple, de sanctions éventuelles ? Rien dans la PPL ne mentionne la partie technique de la vérification de l'âge et nous aimerions vous entendre sur ce sujet.

Malgré ces questions, notre groupe salue la volonté de se saisir d'un sujet de société crucial pour les générations à venir et soutiendra cette PPL.

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