Depuis une vingtaine d'années, les réseaux sociaux ont envahi nos vies, parfois pour le meilleur – l'information, la communication et l'ouverture au monde – et parfois pour le pire quand la haine et la violence sont subies de plein fouet par les mineurs, les jeunes et parfois les très jeunes. À ce titre, rappelons que 93 % des enfants de 12 ans détiennent un compte sur un réseau social.
Si les parents exerçaient un contrôle plus strict, notamment avant l'âge minimum d'inscription de 13 ans, nombre de jeunes seraient protégés des dangers que représentent les réseaux sociaux, les contenus pornographiques, les défis stupides et dangereux, ainsi que le harcèlement en ligne. Le rapporteur l'a rappelé : il ne s'agit pas de faire la morale. Cependant, les parents n'exercent presque aucun contrôle et sont près de 80 % à déclarer qu'ils ignorent ce que font leurs enfants sur leur téléphone portable.
Chaque seconde, des millions d'images et de vidéos publiées sur TikTok, Instagram ou Snapchat sont à la portée d'enfants et d'adolescents qui sont en pleine construction intellectuelle. Les dangers sont avérés et les conséquences physiques et mentales sont lourdes, pouvant mener au suicide dans les pires des cas. Aucun enfant n'est préparé à subir la violence, surtout quand elle est gratuite et qu'elle s'exerce en ligne, au moyen notamment d'une masse de faux profils, derrière lesquels des individus tirent une satisfaction malsaine à harceler des jeunes en raison de leur physique, de leur handicap, de leur tenue vestimentaire ou de leur liberté d'expression. Nous nous souvenons tous du calvaire vécu par la jeune Mila.
Et puis il y a l'isolement. Paradoxalement, de nombreux adolescents se réfugient dans les réseaux sociaux et déclarent y trouver un certain réconfort. Mais derrière un univers virtuel et illusoire, se cache un monde rempli d'externalités négatives qui bouleversent leur quotidien. Dans certains cas, les jeunes voient leurs résultats scolaires chuter, ne lisent plus, ne pratiquent plus de sport, ne fréquentent plus leurs amis ni leur famille et se coupent du monde extérieur. Les réseaux sociaux ont un impact non négligeable sur la vie des jeunes. Vous le rappelez dans votre rapport, monsieur le rapporteur, près de 30 % des parents déclarent que leurs enfants ont déjà pensé au suicide et la majorité d'entre eux sont victimes de cyberharcèlement.
L'association e-Enfance, qui gère la ligne téléphonique 3018 pour les jeunes victimes de cyberharcèlement, alerte quant à la hausse du nombre de victimes. Ainsi, de janvier à septembre 2022, environ 25 000 cas ont été traités, contre 19 000 pour l'ensemble de l'année 2021. Par ailleurs, quatre appels sur dix sont liés à la sexualité : du chantage à la webcam au revenge porn, les filles sont plus exposées à ces violences que les garçons.
Le foisonnement des réseaux proposant des contenus obscènes et violents, dont l'accès n'est barré que par une invérifiable confirmation d'âge, expose indéniablement les mineurs. Pour remédier à ce problème, le Rassemblement national a proposé en 2022 de se donner les moyens de protéger les mineurs, notamment en imposant aux fournisseurs de systèmes d'exploitation d'intégrer un contrôle actif des contenus explicites et des applications soumises à un âge minimal, en exigeant par exemple un numéro de carte bancaire. C'est pourquoi notre groupe a déposé des amendements visant notamment à prémunir tous les mineurs contre le visionnage de contenus violents ou pornographiques.
Si la route est encore longue pour protéger durablement et efficacement les mineurs des effets pervers des réseaux sociaux, cette PPL représente une avancée indéniable et les députés du Rassemblement national la voteront.