Le 7 novembre 2022, le Président de la République a réaffirmé son ambition de donner une dimension européenne aux capacités de dissuasion nucléaire française. Il avait ouvert le débat à ce sujet en février 2020, lors de son discours consacré à la stratégie de défense et de dissuasion, invitant ceux de nos alliés européens qui y sont prêts à participer aux exercices organisés par la France. Jusqu'alors, cette proposition ne semblait pas les avoir convaincus. Toutefois, après presque un an de conflit entre la Russie et l'Ukraine, face à la recrudescence de la menace nucléaire brandie par le chef de l'État russe dès le début de l'invasion de l'Ukraine et dans la mesure où les forces nucléaires sont des garants majeurs de la prévention de la guerre, l'importance de la dissuasion pour la défense nationale, mais aussi européenne, a été réaffirmée. Depuis le Brexit, la France est la seule nation de l'Union européenne dotée d'une force de dissuasion nucléaire et ce stock d'environ 300 armes nucléaires joue une place centrale pour notre souveraineté et notre sécurité nationale d'une part, pour la sécurité de l'Union européenne d'autre part. La France apparaît donc comme le garant de la sécurité dans l'espace européen et il semble probable que l'on assistera à l'avenir à l'européanisation de la politique française de dissuasion. Dans cette hypothèse, disposerons-nous des moyens et des stocks stratégiques nécessaires ? Cette européanisation ne représenterait-elle pas une menace potentielle, la dissuasion nucléaire française étant la clé de voûte de stratégie de défense de notre pays ?