Je vous présente à toutes et à tous, chers collègues, ainsi qu'à vous, mon général, et à travers vous à l'ensemble des militaires qui servent notre pays, mes meilleurs vœux pour l'année nouvelle. Elle sera très importante, avec l'adoption probable de la nouvelle loi de programmation militaire (LPM) dont chacun, compte tenu du contexte international, mesure l'importance. Notre commission aura une responsabilité très importante ; cela doit nous pousser à être exigeants vis-à-vis de nous-mêmes et de nos interlocuteurs.
Nous venons de clore une série d'auditions sur les enseignements à tirer de l'agression de l'Ukraine par la Russie. Dix de nos collègues travaillent actuellement à cinq missions d'information qui devraient nous permettent de formuler, lors de la remise des travaux, mi-février, diverses recommandations sur les points de vigilance à prendre en considération dans la future LPM.
Nous engageons aujourd'hui un nouveau cycle d'auditions sur la dissuasion nucléaire, sujet que nous avions commencé d'aborder avec les universitaires entendus sur l'Ukraine. Depuis 1960, date du premier essai atomique français au Sahara, la dissuasion constitue la clé de voûte de la défense française. Au cours des années 1950 et 1960, la France a développé une théorie de la dissuasion comme empêchement de la guerre, confortée pour l'essentiel par tous les présidents de la Vème République qui se sont succédé. Pour sa part, le président Emmanuel Macron, lors du discours sur la stratégie de défense et de dissuasion qu'il a prononcé le 7 février 2020, a déclaré : « Je suis intimement persuadé que notre stratégie de dissuasion conserve toutes les vertus stabilisatrices et demeure un atout particulièrement précieux dans le monde de compétition qui aujourd'hui se dessine sous nos yeux ». Traduisant cette conviction, la revue nationale stratégique invite « à redoubler les efforts afin de renforcer la culture stratégique et de dissuasion en permettant l'appropriation des enjeux de dissuasion par un public plus large ».
Dans ce cadre, au cours de notre nouveau cycle d'auditions, qui se déroulera à huis clos mais avec un compte rendu, toutes les questions liées à la dissuasion seront abordées : crédibilité des composantes, enjeux éthiques, articulation avec les forces conventionnelles, possibilité ou non de dépasser l'arme nucléaire. La parole sera également donnée à ceux qui préconisent d'autres choix pour la France, puisque le collectif Ican France, le relais national de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires, participera à l'une des tables rondes prévues.
Pourquoi notre commission doit-elle se saisir de ce sujet ? En premier lieu, parce que, je l'ai dit, la dissuasion nucléaire est la clé de voûte de notre défense nationale. De plus, cette option stratégique se traduit par un budget important, financé par nos compatriotes : il s'élève à 37 milliards d'euros au long de la LPM en cours, que nous allons renouveler, et nous ne pouvons pas nous exonérer d'étudier ce sujet. D'autre part, l'actualité internationale se caractérise par le retour en force du fait nucléaire, notamment dans le discours russe. Enfin, dans une démocratie, la dissuasion est crédible si elle est comprise et portée par toute la Nation. Parce que le débat démocratique conditionne également la crédibilité de notre dissuasion nucléaire, nous aurons l'occasion, mes collègues et moi, de participer à des colloques à ce sujet, comme je l'ai déjà fait en intervenant au colloque de la Fondation pour la recherche stratégique. Dès la semaine prochaine, nous nous rendrons à l'Île Longue, dans la base sous-marine qui accueille les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, où nous serons accueillis par Jean-Charles Larsonneur.
Il était naturel que pour commencer nous vous entendions rappeler la place de la dissuasion nucléaire dans notre stratégie de défense, décrire l'étendue de vos responsabilités et dire quels doivent être nos efforts pour préserver la crédibilité de notre dissuasion.