À l'initiative du groupe Démocrate, que je remercie, nous débattons de la démographie française. Oui, le monde change, et vite. La France, comme la plupart des pays occidentaux, connaît une transition longue qui poursuit néanmoins son déroulement. La population est passée de 42 millions en 1950 à 68 millions aujourd'hui. La natalité stagne depuis 1970 et recule depuis 2015. La population vieillit puisque l'espérance de vie s'allonge, ce dont il faut bien entendu se féliciter.
À l'explosion des naissances de l'après-guerre correspondent les départs massifs à la retraite observés depuis plusieurs années. Dès lors, nous anticipons un plateau décroissant : le point le plus haut serait atteint vers 2040, avant que ne s'amorce une baisse très lente qui nous ramènerait au niveau actuel en 2060.
Face à cette situation, il faut entendre l'inquiétude exprimée par certains de nos concitoyens, qui redoutent un déclin de notre pays lié à son déclassement démographique. Il faut aussi, naturellement, mettre ces chiffres en regard de la crise climatique à laquelle l'humanité est confrontée.
Le taux de natalité doit être observé avec autant d'attention que le PIB. Il est en effet au croisement des enjeux productifs, sociaux, culturels et environnementaux. Surtout, il illustre l'image qu'une société a d'elle-même, je dirai même : l'amour qu'elle se porte et ses espoirs pour l'avenir. Mais l'Histoire n'est jamais écrite, et nous ne sommes pas là pour commenter des projections ; je m'en tiendrai donc là sur ce sujet. La tentation est toujours grande de jouer à l'historien ou aux Cassandre mais, en tant que ministre des âges de la vie, ce qui m'intéresse, ce sont les faits et les solutions.
En la matière, nous pouvons compter sur de nombreuses productions de qualité. Je pense, bien entendu, aux travaux de l'Ined, mais aussi à l'excellente note du haut-commissariat au plan, datée de mai 2021 et intitulé « Démographie : la clé pour préserver notre modèle social ». L'essentiel s'y trouve résumé ; je rejoins d'ailleurs le haut-commissaire François Bayrou dans la plupart de ses constats et recommandations.