Cette situation a des conséquences économiques et sociales, et des effets sur le système scolaire, sur la santé, mais aussi sur le système des retraites, malgré ce que certains pensent. En effet, il y a bien un lien entre la retraite par répartition et la démographie, n'en déplaise à Mme Rousseau qui n'est pas là mais qui affirme que les utérus ne sont pas la variable d'ajustement, pour reprendre son expression. Pourtant, sans bébé, sans adolescent, sans jeune entrepreneur, sans travailleur indépendant, sans salarié, sans artiste, etc., il n'y a pas de retraite par répartition ; c'est vital. Si rien n'est fait, le risque est de voir le PIB s'effondrer ainsi, qu'à terme, notre État providence. CQFD, tout est lié. La main-d'œuvre viendra à manquer, le marché domestique se contractera, l'innovation ralentira, la fraîcheur – voire une forme d'insouciance – de la société s'atténuera ; nous entrerons alors dans un hiver démographique qui nous glace déjà.
Le constat dressé est d'autant plus regrettable qu'une étude réalisée par l'institut Kantar pour l'Unaf – je l'avais évoquée, il y a quelques jours, lors du débat sur la réforme des retraites – a montré qu'il y avait en réalité un désir d'enfant bien supérieur au nombre d'enfants de chaque individu. En substance, on désire un enfant supplémentaire : ainsi, on en a eu un, alors qu'on en voulait deux ; on en a eu deux, alors qu'on en voulait trois, et ainsi de suite. Autrement dit, en France, on pourrait avoir davantage d'enfants si les familles étaient réellement accompagnées.
Si les causes sont multiples, il faut justement s'attaquer aux racines du mal. Personne ne songe à enjoindre aux femmes de faire des enfants ; ce n'est pas le sujet. En revanche, les familles ont besoin d'être « chouchoutées » – si j'ose dire – et soutenues, en conduisant des politiques du logement et d'accueil de la petite enfance, en allouant des aides adaptées et en prévoyant un accompagnement de l'État. Or, depuis quelques années, on a supprimé tout ce qui dépassait. La loi de financement de la sécurité sociale pour 2015, adoptée lors du quinquennat de M. François Hollande, sous le gouvernement de M. Manuel Valls, a supprimé l'universalité des allocations familiales. Le quotient familial a été rogné. Alors que ces dispositifs étaient censés compenser le coût des enfants pour les familles, ils ont peu à peu été rabotés.
Aujourd'hui, on assiste à une rupture grave et profonde : les familles qui assurent le dynamisme démographique et le renouvellement des générations sont un peu stigmatisées. Le fait d'avoir une famille nombreuse est forcément de droite et ringard, représenterait une charge, serait antiredistributif. Lorsque l'on aborde ces questions, on peut même être taxé d'antiféministe.
Alors, que faire ? Il faut mener une politique familiale et nataliste ambitieuse. Natalité n'est pas un vain mot ; nataliste n'est pas un mot grossier. Il faut conduire une politique fiscale, créer un service public de la petite enfance,…