Vous m'interrogez sur l'intérêt du recours aux eaux usées traitées pour économiser l'eau potable. La réutilisation des eaux dites non conventionnelles – eaux usées traitées, eaux de pluie, eaux grises – fait effectivement partie d'un panel de solutions à mobiliser pour garantir un usage plus sobre de l'eau.
La réutilisation des eaux usées traitées (REUT), encore trop peu développée en France, figure bien parmi ces solutions. Dès 2019, lors de la seconde séquence des assises de l'eau, le Gouvernement avait réaffirmé l'intérêt de ces solutions et même fixé un objectif national consistant à tripler les volumes utilisés d'ici à 2025. Nous sommes convaincus de la pertinence de cette démarche. C'est d'ailleurs pour cette raison que je travaille à lever les principaux freins au développement des solutions permettant d'atteindre ce but.
Le premier frein est, compte tenu des risques sanitaires, d'ordre réglementaire. Le règlement européen relatif aux exigences minimales en matière de réutilisation des eaux usées traitées, qui définit le nouveau cadre applicable à l'irrigation agricole, entrera en vigueur en juin prochain.
Le deuxième frein est de nature économique : le coût du mètre cube d'eau réutilisée étant bien plus élevé que le prix de l'eau prélevée dans le milieu naturel, il importe de construire des modèles économiques viables, s'appuyant sur les différents usages de l'eau permis par la réutilisation. Les agences de l'eau seront donc mobilisées pour mieux accompagner les porteurs de projet.
Un observatoire de la réutilisation des eaux usées traitées sera par ailleurs créé dès cette année. Les collectivités seront ainsi mieux informées à propos des usages des eaux non conventionnelles et de la meilleure façon de les déployer.
Enfin, la Première ministre présentera à la mi-mars un plan Eau, qui prévoira des mesures de sobriété, un renforcement de la gouvernance, des actions de nature à garantir l'accès à l'eau potable, mais également la mobilisation de toutes les ressources disponibles, dont la réutilisation des eaux usées traitées fait partie.