Permettez-moi tout d'abord de remercier les députés du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires d'avoir choisi d'inscrire à l'ordre du jour de cette semaine de contrôle un débat sur l'hyperconcentration des dépenses du ministère de la culture en Île-de-France. C'est un thème qui nous est cher : en effet, si la centralisation induit de nombreuses disparités socio-économiques, en matière d'éducation, d'accès aux transports et aux soins, ou encore de services publics, ce mal bien français concerne également l'accès à la culture pour l'ensemble des concitoyens et la valorisation de notre patrimoine.
Même si cela n'a pas toujours été le cas, on a aujourd'hui coutume de dire que la France est un pays riche de sa diversité. Notre patrimoine matériel et immatériel est immense et varié. Ce formidable héritage, que nous avons su conserver et valoriser – dans un certain nombre de cas, du moins –, nous le devons à notre histoire, mais aussi à des cultures vivantes et diversifiées, entretenues par les habitants. Cela vaut pour nos monuments, pour les œuvres artistiques, mais aussi – c'est un point qui me tient particulièrement à cœur – pour nos langues et cultures, que l'État a parfois tenté d'annihiler par le passé.
La seule bonne volonté des habitants ou des collectivités territoriales ne peut cependant suffire : si l'on ne saurait refuser l'apport de mécènes ou de philanthropes, le concours de la puissance publique est indispensable pour éviter que ces richesses ne disparaissent. D'ailleurs, la valorisation de la culture ne saurait reposer exclusivement sur l'investissement des bénévoles, dont je salue l'action. Ils sont fort nombreux dans toute la France, qui œuvrent avec pugnacité à l'organisation de différents festivals à travers diverses associations. Notre patrimoine paraît parfois en péril : le cri d'alarme de Stéphane Bern comme les alertes des élus locaux en sont un signe. Si l'intégration des œuvres culturelles au secteur marchand peut permettre la valorisation économique nécessaire à leur propre entretien et leur restauration, la culture reste un secteur fragile par essence, dont la conservation et l'amélioration nécessitent à la fois de l'attention et des investissements – c'est précisément le rôle de la puissance publique.
Or la centralisation de notre pays renforce la concentration des richesses et des investissements à Paris et dans sa région. La culture en est un exemple assez caricatural. Prenons les monuments nationaux : le Louvre, le musée d'Orsay, les opéras et grands théâtres sont très majoritairement concentrés dans une toute petite superficie du territoire national.