On constate dans de nombreux métiers, notamment pénibles, que la question des gestes professionnels est souvent déconsidérée : on estime qu'un savoir-faire, qu'il s'agisse de tenir une pelle ou de réaliser un soin, est un attribut personnel, une qualité individuelle. De ce fait, on ne forme pas – ou peu, ou mal. La question de la formation, ainsi que celle de la construction du geste professionnel et celle de l'évolution de celui-ci au fur et à mesure que l'on progresse en âge et en expérience, me semblent fondamentales. Elles posent la question de la transmission et du temps dont on dispose pour l'assurer. Aujourd'hui, dans de nombreuses situations, ce temps n'existe pas ; celles et ceux qui acceptent d'endosser le statut de tuteur et d'accompagnant des novices, qu'ils soient jeunes ou plus âgés, le font en empiétant sur le temps de travail, au détriment d'autres tâches. Or ces temps sont précieux. Ils permettent de construire l'avenir des savoir-faire professionnels et d'aboutir au geste efficient : celui grâce auquel on peut atteindre les objectifs de performance, mais aussi préserver sa santé et la construire.