Aujourd'hui, dans le secteur agricole, la reconnaissance de l'invalidité est très compliquée ; c'est un véritable parcours du combattant. Les médecins généralistes acceptent très difficilement de s'engager dans ce type de démarche, tout comme les médecins de la MSA qui sont censés nous suivre. D'abord, il existe dans nos métiers une sorte d'omerta : il est difficile de reconnaître que l'on souffre d'une maladie, que l'on ne va pas bien, que l'on rencontre des difficultés ou que l'on a une charge de travail trop lourde. Lorsqu'un agriculteur, incité ou aidé par d'autres, accepte finalement d'entrer dans la démarche, il se heurte souvent à un certain manque d'intérêt de la part du médecin ou de l'assurance maladie. Il me semble que l'Assemblée nationale doit se saisir de cette question : comment faire pour que la médecine regarde les choses en face lorsqu'un paysan ou une paysanne déclare qu'il ou elle ne va pas bien ? N'étant pas député, je ne sais pas comment vous pouvez appréhender le sujet, mais il conviendrait que vous vous en saisissiez.
S'agissant de l'amélioration des gestes, il est vrai que nous courons sans cesse et ne prenons sans doute pas assez le temps de nous former. Sans doute faudrait-il s'interroger sur la façon de corréler les différentes aides de la politique agricole commune (PAC) à une obligation de formation, d'anticipation et d'amélioration des métiers. Nous sommes souvent dans la fuite en avant, reproduisant la façon de travailler de la génération précédente. Je n'ai pas de réponse totalement aboutie à ce sujet, mais sans doute y a-t-il là aussi un travail à réaliser.
S'agissant des droits collectifs, enfin, il convient d'aborder la question par type de métier, en se fondant sur les grandes catégories définies par les Otex. Sans doute faut-il réunir autour d'une table les représentants des métiers – l'élevage laitier, l'élevage bovin allaitant, le maraîchage par exemple –, dans la mesure où une part importante des risques et des maladies professionnels est liée au type de métier exercé. On pourrait imaginer, par exemple, qu'un agriculteur ayant été maraîcher pendant trente ans puisse bénéficier d'une retraite anticipée de six mois, un an, voire deux ans. C'est dans cette direction qu'il faut travailler car, en se basant sur des comptes pénibilité, on risque d'aboutir à des comptes d'apothicaire ingérables. Le secteur agricole est capable de travailler en ce sens, grâce aux Otex.