Vous voudrez bien m'excuser : quelqu'un me parlait au début de votre question, que je n'ai donc pas entendue dans son intégralité… Concernant la soutenabilité, j'ai évoqué le fait que les enjeux liés à la pénibilité sont actuellement abordés en considérant les situations extrêmes, certes importantes à prendre en compte, mais marginales ; cela laisse de côté un certain nombre de métiers – notamment tous ceux de la deuxième ligne, dont il a tant été question durant la pandémie – et de conditions d'emploi – comme le travail à temps partiel ou le travail précaire – où les seuils de pénibilité ne sont pas atteints. L'approche de la pénibilité repose également sur la substitution – par exemple, on remplace les plus âgés par les plus jeunes, au risque d'user prématurément ces derniers et d'entraîner leur exclusion du monde du travail – et la compensation – par l'accumulation de points, la capitalisation, au risque d'instrumentaliser la santé.
Enfin, on promeut la médicalisation, la prévention, la réparation, grâce à des dispositifs d'invalidité ou de retraite anticipée pour incapacité : j'ai ainsi mentionné la prochaine réforme. Or, au lieu de nous contenter d'améliorer de manière substantielle ces dispositifs visant à reconnaître la pénibilité, nous pourrions nous intéresser à la soutenabilité du travail, c'est-à-dire à l'élaboration de systèmes susceptibles de reproduire et développer toutes les ressources et les composantes qu'ils utilisent. Il ne s'agit donc plus seulement de substituer, compenser, réparer, mais de prendre soin, dans la durée, des choses et des personnes ; de concevoir des parcours, de se pencher sur la question de la transmission, d'organiser les successions.