Les superprofits, il faut le rappeler – M. Le Maire pensait qu'ils n'existaient pas avant d'être démenti –, ne sont liés à aucun gain de parts de marché, à aucune innovation, à aucune augmentation de productivité, ils sont seulement un effet d'aubaine, un coup de bol – on avait les capitaux et on était au bon endroit, au bon moment. Ces superprofits sont le symbole du capitalisme de rente que vous promouvez, d'un capitalisme qui profite aux oisifs et non aux travailleurs, d'un capitalisme qui ne favorise pas l'investissement productif et qui tend même à en dissuader puisqu'il suffit d'attendre que l'État donne des aides – et elles tombent toutes seules.
Il serait donc bien plus utile d'employer ces superprofits pour remplir les caisses de la sécurité sociale et donc des retraites, plutôt que de demander aux Français de travailler deux ans de plus. Ce serait une mesure de justice fiscale et sociale de base car ces superprofits, vous savez très bien qu'ils ont explosé pendant la pandémie et depuis le début de la guerre en Ukraine – deux crises dont l'immense majorité des Français subissent les chocs violents et qu'ils paient très cher. Cette grande majorité de Français, d'ailleurs, qu'il s'agisse de salariés ou de travailleurs indépendants, crée la richesse par le travail.
Et puisque vous allez les forcer à travailler deux ans de plus – pour ceux qui pourront aller au bout –, pouvez-vous nous confirmer les chiffres de la Dares selon lesquels, mécaniquement, on comptera, à court terme, 90 000 chômeurs de plus du fait de votre réforme, ce qui entraînera donc une baisse de 3 % des salaires, compte non tenu de l'inflation ? Pourriez-vous répondre à cela, messieurs les membres du Gouvernement, afin que nous y voyions un peu plus clair : puisque vous avez l'intention de passer cette réforme en force, que les Français, au moins, comprennent à quelle sauce ils vont être mangés, pour pouvoir se défendre, le 7 mars prochain, en bloquant le pays, car vous ne leur laissez pas d'autre choix.