L'article liminaire révèle si ce n'est les incertitudes tout du moins les contradictions de ce projet de loi de finances rectificative. En effet, vous donnez l'impression de courir trois lièvres à la fois, au risque de n'en attraper aucun. Notre pays se trouve au bord du gouffre social avec un retard de pouvoir d'achat considérable et une menace d'explosion à cause du dérapage de l'inflation ; notre pays est au bord du gouffre financier avec une dette et des déficits qui augmentent ; enfin, notre pays ne prépare pas l'avenir à cause d'un sous-investissement et de difficultés considérables pour les services publics.
Réduire les déficits comme vous le voulez le faire – bien que vous envoyiez à la Commission européenne des chiffres soit inatteignables compte tenu de vos promesses, soit appelés à être durcis une fois ce PLFR adopté – tout en reconstruisant l'hôpital public, l'école et les universités, et en luttant contre la baisse du pouvoir d'achat est une équation impossible. Ce qui m'étonne dans ce projet de loi est l'absence du moindre élément permettant de dégager une vraie marge de manœuvre – je parle là de dizaines de milliards d'euros, montant nécessaire pour concilier ces trois objectifs.
Je pense par exemple aux superprofits, évidemment ceux des compagnies pétrolières, auxquels vous ne voulez pas toucher alors que si la réalisation de profits est normale, l'est beaucoup moins le fait de tirer parti de l'explosion des prix : pourquoi refusez-vous de le faire quand d'autres pays comme l'Italie et même le Royaume-Uni le font ? Pourquoi n'avancez-vous toujours pas dans la lutte contre la fraude considérable – qui représente des milliards d'euros – à la carte Vitale ? Comment accepter que vous refusiez aux Français de prendre des mesures élémentaires sur l'essence alors que vous déversez toujours plus d'argent sur l'Union européenne, la contribution française connaissant une véritable explosion ?