Le surveillant était en poste dans un poste d'information et de contrôle (PIC). Il y en a deux à Arles, situés au-rez-de-chaussée de chaque bâtiment, A et B. La vocation première du PIC est d'assurer l'accès ou la sortie des personnes du bâtiment et leur circulation à l'intérieur de celui-ci. Les images des caméras de vidéosurveillance sont renvoyées dans deux types de lieux à Arles. Le premier, le poste centralisé des informations (PCI), lieu essentiel à la sécurité d'un établissement, est occupé exclusivement par des agents formés, qui appartiennent à une équipe spécialisée, uniquement affectée à ce poste. En revanche, les agents qui travaillent dans les deux PIC sont affectés par roulements. Ils travaillent également dans les étages du bâtiment. Par conséquent, leur niveau de compétence technique n'est pas identique à celui des agents du PCI. Leur formation est très restreinte : lorsqu'ils sont affectés dans l'établissement, en sortie d'école ou par mutation, ils suivent un parcours d'accueil pendant une semaine. Ils travaillent en doublure avec un autre agent, pendant une heure ou deux, pour apprendre le fonctionnement du PIC. Ce manque de formation est selon nous un véritable problème. Le temps de doublure organisé à leur arrivée dans l'établissement est très insuffisant.
L'agent qui occupait le PIC situé au rez-de-chaussée du bâtiment A le matin du 2 mars correspond bien à la sociologie professionnelle des agents affectés à Arles : il s'agissait d'un titulaire qui avait, me semble-t-il, une certaine ancienneté. Il occupait ponctuellement le PIC, de manière régulière.
80 ou 90 % du travail en PIC consiste à gérer les circulations, les entrées et les sorties, car toutes les commandes d'accès s'opèrent par une ouverture électrique. Chaque personne sollicitant l'ouverture d'une porte exige deux actions de l'agent en PIC : il doit visualiser la personne pour vérifier qu'elle est habilitée à circuler, et déclencher l'ouverture en respectant l'effet de sas. L'autre fonction du PIC est de vérifier ce qui se passe dans les étages pour prévenir des incidents. L'attention de l'agent du PIC du bâtiment A n'était donc pas centrée sur les salles d'activités, notamment parce que cette fonction revient au surveillant. Nous pointons précisément dans notre rapport le déficit de complémentarité entre ces deux agents : si le surveillant est amené à s'éloigner de son secteur, un relais doit pouvoir être assuré par l'agent du PIC.
L'agent en poste au PIC avait la possibilité technique de modifier le paramétrage des images. Son écran est divisé en neuf cases, ce qui correspond à un scénario de sécurité classique lui permettant de visualiser tous les secteurs. Par une manipulation, il aurait pu changer de scénario et voir l'intérieur des salles d'activités, notamment la salle de cardio-training où s'est déroulé le drame. Avec beaucoup d'honnêteté, cet agent a indiqué que par peur de dérégler l'appareil, il a préféré ne pas en modifier le paramétrage. Même si le dispositif le lui permettait techniquement, il était donc dans l'incapacité de surveiller ce qui se passait dans la salle.
Je précise que quelques semaines avant le drame, l'établissement avait fait le choix de modifier la configuration des écrans et de passer à un écran quadrillé en neuf tuiles, et non plus quatre. Or, la formation n'avait pas été déclinée au niveau des surveillants assurant la tenue des PIC.