Je me suis impliqué dans cette commission d'enquête parce que les faits évoqués ont provoqué au printemps dernier, en Corse, des mouvements particulièrement graves, qui auraient pu l'être bien davantage. Nos travaux devront permettre d'améliorer les procédures, notamment s'agissant de la fluidité entre les services, puisqu'en se saisissant d'un sujet aussi complexe que celui du renseignement en milieu carcéral on découvre une myriade d'intervenants et de services. Parfois, mettre de l'huile dans les rouages n'a rien d'évident, car vous avez indiqué le travail que représente pour la DGSI le suivi des profils potentiellement dangereux à l'extérieur, notamment celles et ceux qui sortiront de détention. Notre objectif est de faire qu'un drame de ce type ne se reproduise pas, et pour cela de démêler les éléments qui ont concouru à la commission des faits advenus en mars dernier à la maison centrale d'Arles.
Le suivi des personnes très dangereuses en raison de leur radicalisation est d'une grande importance, comme l'amélioration de la situation du monde carcéral en France, question à laquelle plusieurs de nos collègues travaillent et qui ne me laisse pas insensible de par mon parcours professionnel. Si quelqu'un est privé de liberté, c'est qu'ayant commis un certain acte, il représente une menace potentielle pour la société. Mais la personne incarcérée doit être protégée au cours de sa détention. Or, pendant ces dix longues minutes dans la salle de sport, il y a un défaut de surveillance, notamment par les caméras. Cela fait partie des manquements relevés par l'IGJ qui, selon l'actuel directeur de la maison centrale, ont été corrigés depuis lors. Nous nous devons, au-delà des faits précis concernant Franck Elong Abé et Yvan Colonna, de permettre l'amélioration de notre système carcéral et la prévention de ce type d'actes, en détention comme à l'extérieur. Il en va de la sécurité nationale car tout me porte à croire – et c'est quelque-chose qui me hante – que, étant donné le profil que vous avez décrit, si Franck Elong Abé avait été libéré, il aurait pu déjouer les mécanismes de suivi de vos services et commettre des faits d'une extrême gravité.