Ce qui définit le caractère terroriste de l'acte est la détermination à tuer quelqu'un en raison de ce que celui-ci dit ou pense. Il s'agit d'une forme d'intimidation extrême, qui consiste à considérer que toute personne proférant un blasphème ou tenant tout autre type de propos mérite de mourir, ce qui constitue une atteinte fondamentale à nos valeurs, à notre liberté de penser et de s'exprimer. Perpétrer un tel meurtre, c'est manifester la volonté d'atteindre nos intérêts et nos valeurs ; c'est pourquoi le meurtre d'Yvan Colonna a été qualifié de terroriste. Deux éléments sont nécessaires pour qu'une infraction soit qualifiée de terroriste. Le premier est un trouble grave à l'ordre public par l'intimidation ou la terreur, caractérisé en l'espèce par le déchaînement de violence de Franck Elong Abé qui a entraîné la mort d'un homme. Le second est le lien avec une entreprise terroriste, ici l'idéologie selon laquelle quiconque se permet de « mal parler de Dieu » doit mourir et va mourir, une forme de pression sociétale qui vise nos intérêts fondamentaux.
Comme je l'ai dit en réponse à votre rapporteur, je n'ai pas connaissance des contacts de Franck Elong Abé avec l'extérieur mais, je le redis, aucun début de commencement d'élément ne me permet de penser qu'il a pu être en contact avec quelqu'un qui lui aurait mis dans la tête de s'en prendre à Yvan Colonna.