Madame la Première ministre, si l'on en croit les trois ambassadeurs de l'épargne salariale nommés par le Gouvernement, 9 milliards d'euros ont été distribués en 2020 aux salariés au titre de l'intéressement, 8 milliards au titre de la participation et 3 milliards au titre d'autres dispositifs, soit 21 milliards d'euros au total, alors que les actionnaires ont pour leur part perçu 66 milliards. En 2022, ce sont 56,5 milliards qui ont été versés aux actionnaires, auxquels s'ajoutent 23,7 autres milliards versés sous forme de rachat d'actions.
Il faut se réjouir de voir les entreprises prospérer et dégager de substantiels bénéfices. Il n'en demeure pas moins que ces données nous interpellent. Elles posent une fois de plus la question de la répartition de la valeur ajoutée de l'entreprise, plus largement de la richesse nationale, de l'équilibre entre économie réelle et économie financière, et aussi, de façon indirecte, de la frontière entre esprit d'entreprise et spéculation.
Ces 80 milliards, distribués au moment où nous débattons de l'avenir du système de retraites, soulèvent de façon aiguë la question, bien des fois posée et jamais résolue sur le fond, du dividende salarié et de la participation des travailleurs aux bénéfices des entreprises.
Ma question est donc simple : quelles mesures comptez-vous prendre pour que les travailleurs soient mieux rémunérés, en bénéficiant d'une part plus consistante des bénéfices distribués ?