Les Français nous attendent car nombre d'entre eux sont pris à la gorge par la montée des prix et par celle des dépenses contraintes. Les causes en sont connues : la guerre en Ukraine, principalement, qui a déstabilisé nos économies connectées. Ils nous demandent de pouvoir vivre dignement du fruit de leur travail, de leur pension de retraite. La seule question à laquelle nous devons répondre est de savoir si le présent texte améliore leur vie.
Les prestations sociales et les retraites seront revalorisées de 4 %, ce n'est pas rien même si ce taux reste inférieur à celui de l'inflation. Il nous faudra suivre l'évolution des prix pour éviter que les mesures que nous venons d'adopter ne soient obsolètes demain. En ce qui concerne la revalorisation du RSA, nous sommes inquiets du poids supplémentaire pour les départements. Nous proposerons des correctifs au cours de l'examen du collectif budgétaire.
J'exprimerai notre satisfaction de voir aboutir un combat ancien : la déconjugalisation du calcul de l'AAH.
Nous l'avions proposée à plusieurs reprises lors du précédent quinquennat : il était temps que la majorité et le Gouvernement entendent raison et se joignent à nous pour ce vote de justice. Il s'agit d'une victoire collective et d'une avancée pour la garantie des droits des personnes en situation de handicap, ainsi que pour leur autonomie.
Nous nous réjouissons aussi de l'adoption de nos amendements visant à restreindre la revalorisation du plafonnement des loyers en zone rurale, en outre-mer et en Corse. Là où la dépendance à la voiture est importante, là où les logements sont insuffisants, là où l'inflation des loyers est galopante, des mesures d'adaptation s'imposent.
S'agissant du volet énergétique, celui-ci apporte des réponses d'urgence. Nécessairement insatisfaisantes, la plupart d'entre elles sont des dérogations que la situation autorise et qui devront rester dérogatoires.
Je terminerai en lançant plusieurs alertes.
Premièrement, la situation des territoires insulaires et ultramarins nous alarme. Dans les outre-mer, la pauvreté est entre cinq et quinze fois plus fréquente que dans l'Hexagone. Cela appelle un renforcement des mesures, car les quelques améliorations apportées à notre initiative ne suffisent pas.
Deuxième alerte : la question des salaires, particulièrement des bas salaires, n'est pas résolue. Les primes peuvent constituer une réponse d'urgence, par temps d'incertitude, mais tous les travailleurs n'en bénéficieront pas. Nous devrons donc poursuivre la réflexion sur l'évolution des salaires. Les négociations de branche doivent s'accélérer : nous y serons vigilants.
En ces temps difficiles, je m'interroge aussi sur la situation précaire des étudiants, et plus généralement des jeunes. Nous y reviendrons lors de l'examen du projet de loi de finances rectificative pour 2022.
Enfin, gardons à l'esprit que notre modèle social protecteur a, lui aussi, besoin d'être protégé, alimenté. Cela implique de garantir son financement.
Un mot caractérise à nos yeux ce texte : l'urgence. Au nom de la responsabilité, notre groupe a fait le choix de ne pas s'y opposer, car les Français nous attendent. Bien qu'incomplet et partiellement insatisfaisant, ce texte comporte des mesures qui vont dans le bon sens. Une partie de mon groupe votera donc en sa faveur, quand une autre a plutôt exprimé la volonté de s'abstenir.