Vous avez souri lorsque François Ruffin s'est présenté comme modéré face à l'extrême violence de cette réforme. J'insiste : je suis inquiet. Vous disposez des outils juridiques pour passer en force, seuls contre le peuple français. Mais si vous le faites, vous allez nourrir une colère noire, une colère sombre, une humiliation. Elles vous reviendront à la figure comme un boomerang.
Nous vous proposons un autre chemin : non seulement écouter, mais entendre. Vous me trouvez parfois trop raide, trop rude, trop direct. Je vous promets qu'à côté de la colère des Français, ce n'est rien du tout. Qu'ont fait les gens ? Ils sont allés sur le simulateur de votre réforme – l'aide à domicile, la décortiqueuse de coquilles, la trieuse de verre, le verrier au bouchot, le cariste – pour savoir à quelle sauce ils allaient être mangés. Je vous assure que la violence de leur colère n'est rien à côté de celle de mes mots policés. Rien !
Notre responsabilité est de faire entendre cette colère. Il est légitime et juste que les organisations syndicales la traduisent dans la rue. Si vous n'entendez ni la nôtre ni la leur, vous serez responsables de l'avènement d'une République émiettée, éclatée, qui perd son sens en cessant d'incarner un État qui prend soin, qui protège et qui rassemble.