Mon amendement vise aussi à préserver les caisses de retraite mises sur la sellette. Elles élargissent l'horizon du monde du travail : le principe des caisses de retraite spécifiques, des régimes pionniers, c'est d'inventer des manières de se protéger, de mutualiser l'argent, de tester des choses qui peuvent ensuite inspirer le régime général.
En l'occurrence, il n'est question que de quelques milliers d'agents d'exploitation, de personnes qui ont des horaires décalés, qui travaillent la nuit et le dimanche, qui sont d'astreinte, qui subissent une usure physique, qui sont responsables de la sécurité des autres et qui, une fois à la retraite, continuent souvent de travailler – un électricien va généralement s'occuper des pannes dans le voisinage, exercer ainsi son activité avec pour seul salaire sa pension de retraite.
Vous oubliez que la possibilité du départ anticipé va souvent de pair avec une pension incomplète. Il y a non seulement des corps usés et abîmés, mais aussi un manque d'années de service actif et donc une pension réduite. À ce sujet, on ne sait pas la part réelle des départs à 57 ans. Tout le monde en parle mais il n'existe pas de chiffres. On ne sait pas non plus combien ces régimes ont reversé à la caisse du régime général puisque, depuis 1974, la compensation vieillesse généralisée fait que ces régimes spéciaux contribuent au régime général. Combien ont-ils apporté ou, en d'autres termes, combien leur doit-on ?
Vous vous en prenez à ces régimes spéciaux dans la continuité de votre offensive contre la pénibilité au travail. Vous avez supprimé quatre facteurs de pénibilité : les charges lourdes, les agents chimiques dangereux, les vibrations mécaniques et les postures pénibles. Apparemment, pour la majorité, le marteau-piqueur est bon pour la santé... Au lieu de supprimer des régimes de compensation de la pénibilité, il faut plus que jamais les étendre à l'ensemble des agents d'exploitation des industries lourdes, des industries électriques et gazières, ainsi que des transports en commun, de Paris à Vierzon en passant par Toulouse. Pour notre part, nous n'oublions pas que nous devons nous inspirer des régimes pionniers.