« J'ai été appelé chez moi à une heure du matin, dans mon lit, et je ne suis rentré qu'à neuf heures. Chez moi, ça inquiète la famille, ça inquiète tout le monde, et c'est nous qui sommes sur le terrain. » C'est un gazier, Farid, qui m'expliquait cela. Il m'a parlé de son logement d'astreinte, de ses permanences et de son augmentation salariale de 0,3 % cette année.
Quel mal faites-vous, en permanence, au service public ! Regardez l'état de notre pays. À l'hôpital, on peut attendre quarante-quatre heures dans un couloir. On recrute des enseignants dans des rendez-vous de l'emploi. Les trains ne circulent plus. Vous avez éliminé le régime spécial du rail alors qu'il manque des milliers de conducteurs. Dans ma région, des trains ne circulent pas faute de conducteur. Voulez-vous que ce soit la même chose pour le gaz et l'électricité ? En arrêtant de peser sur le travail, de faire en sorte qu'il ne soit pas rémunéré comme il faut, en indexant les salaires non sur l'inflation mais sur les dividendes, par exemple, on aurait sans difficulté du monde dans tous ces secteurs.
Vous êtes en train d'éroder, un par un, les piliers de notre pays – celui de la République, l'école ; celui de l'État social, l'hôpital. On voit leur état après cinq ans de vos bons et déloyaux services à leur égard. La même chose risque de se produire dans le domaine de l'électricité : vous nous direz dans quelques années qu'on n'arrive pas à recruter ! Ce sera normal : les astreintes, les salaires faibles, cela se compense.