Je vais présenter en bloc l'ensemble de mes amendements. Vous voulez la fin des régimes spéciaux au 1er septembre 2023. Nous proposons un étalement pour absorber les difficultés qui se poseront.
Vos arguments sont filandreux s'agissant, notamment, de la pénibilité. Vous ne la contestez pas pour les conducteurs de bus, de tram ou de métro de la RATP. Mais vous vous réjouissez qu'ils intègrent le droit commun du C2P, dont nous ignorons de surcroît comment il la compensera.
Vous avez eu la délicatesse de nous transmettre, non une étude d'impact, mais un rapport d'analyse des conséquences de la réforme. En le lisant, on comprend en partie vos arrière-pensées : « Le financement des régimes spéciaux de retraite implique par ailleurs un effort de la solidarité nationale au bénéfice de certains secteurs ou de certaines entreprises », effort qui doit être interrogé dans le contexte de rationalisation de la dépense publique et « d'ouverture à la concurrence ». Comme bien des élus franciliens, je vous alerte depuis longtemps sur les difficultés que celle-ci entraînera à Paris – elle sera effective en 2025 pour les bus, en 2029 pour les trams et en 2039 pour le RER. Tout le monde sait que l'application bête et méchante de l'ouverture à la concurrence, résultant d'une réglementation européenne également bête et méchante, n'est pas adaptée à la situation des transports en Île-de-France.
Les difficultés de recrutement sont immenses. Nous manquons de plus de sept cents chauffeurs de bus. Vous prétendez vouloir améliorer l'offre de transports et, en même temps, vous imposez aux opérateurs une réduction de leurs moyens, ce qui explique que la « révolution des transports » de Valérie Pécresse ait largement échoué. Vous vous apprêtez à fragiliser un réseau qui est déjà à l'os.
De plus, les difficultés que rencontre ce secteur, en Île-de-France, rejaillissent sur tous les autres salariés. Les habitants de l'Essonne passent en moyenne une heure quarante-trois par jour dans les transports, parfois bien plus pour ceux qui se rendent à Paris depuis Brétigny ou à Roissy depuis Évry. La sanctuarisation de l'attractivité de ces métiers assurerait la qualité du service public mais, aussi, la qualité de vie de millions de travailleurs. Vous allez péniblement leur octroyer le C2P alors que celui-ci ne prend pas en compte la pénibilité liée aux transports !
Même Clément Beaune, ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports, s'interroge sur la pertinence de l'ouverture à la concurrence. Certes, il s'inquiète de la situation à l'approche des Jeux olympiques. Au-delà de la conjoncture, l'ouverture à la concurrence n'en demeure pas moins une bêtise absolue.