Jeudi dernier, à l'appel des syndicats unis, plus d'un million de citoyens ont manifesté pour défendre leur retraite. Certains, notamment des travailleurs aux carrières longues ou souffrant de la pénibilité du travail, le faisaient pour conserver le droit de partir à la retraite en bonne santé. La réforme que vous proposez est un recul social comme nous en avons peu connu ces dernières décennies. Alors que l'argent magique coulait à flots pendant la pandémie, nous nous demandions tous qui allait payer le « quoi qu'il en coûte ». Désormais, il n'y a plus de place au doute. Plutôt que de mettre à contribution les super-riches ou les multinationales, vous demandez aux Français de travailler deux ans de plus. L'étude d'impact montre que les inégalités existent à tous les niveaux. Une femme née dans les années 1980 devra travailler huit mois de plus à cause de votre réforme. Pour un homme de la même génération, ce seront quatre mois supplémentaires. Vous renforcez non seulement les inégalités sociales, mais aussi une inégalité de sexe déjà criante.
Le vernis social que vous essayez d'appliquer sur votre réforme n'y changera rien. Il est destiné à faire passer la pilule. Mais il ne témoigne pas d'une vraie volonté d'améliorer notre système de retraite. Comme neuf actifs sur dix, comme la majorité des Français, je suis farouchement opposé à cette réforme des retraites. Ce gouvernement est toujours plus créatif pour vider les poches des classes moyennes que pour rétablir un peu de justice sociale. Pourquoi s'obstiner à reculer l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans alors que les Français y sont opposés ? Pourquoi ne pas envisager d'autres solutions, comme une augmentation des cotisations sociales ou une imposition des plus favorisés ?