Monsieur le ministre, le 5 mai 2010, un député socialiste interpellait par ces mots le ministre du travail de l'époque au sujet de la réforme repoussant l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans : « Cette volonté de reculer l'âge de la retraite est doublement injuste. D'une part, elle écarte d'emblée la recherche d'autres recettes [...]. D'autre part, elle fera porter l'effort sur les générations nées après 1970, aujourd'hui plus préoccupées par leur situation actuelle, par leur entrée sur le marché du travail que par la question de leur retraite. » Ce député, monsieur le ministre, c'est vous ! Ou plutôt, c'est ce que vous étiez car, aujourd'hui, vous annoncez avec le plus grand calme reculer l'âge légal de départ à 64 ans. Mais où est passé votre bon sens ? Où est passée votre humanité ? Depuis quand êtes-vous aussi déconnecté de la réalité ? Comment pouvez-vous croire qu'à 64 ans, après une longue carrière de dur labeur, on n'est pas usé par la vie ? Un quart des Français les plus pauvres décèdent avant même l'âge de 62 ans ! Et nos aînés ne seront pas les seuls affectés. Si vous avez soudainement changé d'idée, alléché par l'odeur de la soupe, votre description reste juste : reculer l'âge départ à la retraite, c'est faire porter l'effort sur les jeunes générations.
Plus que doublement injuste, cette réforme est surtout injustifiée. Le COR, par la voix de son président auditionné jeudi dernier, l'affirme : les dépenses des retraites ne dérapent pas et sont relativement maîtrisées. Contrairement à ce que vous tentez tant bien que mal de faire croire aux Français, notre système actuel de retraites n'est pas en danger. Monsieur le ministre du travail, du plein emploi, de l'insertion et de la casse sociale, quand entendrez-vous enfin le message des Français et quand cesserez-vous de les escroquer ?