Intervention de Ludovic Haye

Réunion du jeudi 26 janvier 2023 à 9h35
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Ludovic Haye, sénateur, rapporteur :

Le volume de données créées et stockées dans les data centers augmente et nul ne doute que la quantité de CO2 produite augmentera au cours des dix prochaines années. Je précise que nous disposerons de nouvelles capacités de stockage ultra-comprimé, que ce soit sur un brin d'ADN ou sur du quartz. Celles-ci seront surtout utiles pour des données « froides », car personne ne dispose chez lui d'un lecteur d'ADN. Les opérateurs de stockage doivent proposer des solutions moins délétères pour l'environnement, mais les usagers doivent aussi effectuer un tri de manière à ne conserver que les données essentielles. Il est bien légitime, par exemple, de conserver des photos de famille alors qu'en revanche, la conservation de tous les logs de votre PC depuis trois ans ne paraît pas nécessaire.

En ce qui concerne la question sur le nombre réduit d'internautes refusant les cookies, seule une minorité perçoit ces cookies comme une atteinte à leur liberté. La plupart vont vers la facilité et donc les acceptent pour accéder plus rapidement au contenu, car il est souvent plus long de rechercher l'option permettant de les refuser. Par ailleurs, la navigation sur Internet est envahie par la publicité, la partie utile de nos écrans se réduit de plus en plus. Un travail parlementaire est nécessaire sur cette question. De mon point de vue, il s'agit d'une atteinte à la liberté individuelle. Je passe sous silence les pratiques de certains sites, qui feignent de s'être trompés sur les fonctions de fermeture d'une page et qui prévoient une redirection vers un autre site à partir du symbole de la petite croix. Le fait de voir arriver un contenu non souhaité est une atteinte à la liberté et, dans une certaine mesure, à la vie privée.

S'agissant enfin de la propriété de la donnée, il s'agit d'un des sujets les plus importants. Qui doit s'approprier les données ? Et quelles données ? En effet, certains chercheurs souhaitent conserver des données scientifiques, notamment les données protégées ou celles qui sont en lien avec des brevets. Les données politiques sont aussi utilisées dans d'autres contextes. Je m'inquiète de l'évolution de l'information médiatique, la désinformation étant, au moins en partie, volontaire. Comme dans le domaine militaire, où il est possible de recourir à des leurres de missiles, des écrans de fumée permettent de diffuser de nombreux contenus repris par les médias et relevant de la désinformation. La « vraie information » passe ensuite tranquillement sans encombre. La guerre de l'information est quasiment une guerre de tranchées, avec des écrans de fumée, qui permet de diffuser l'information souhaitée sans être démasqué.

Qui doit être propriétaire des données ? Il faut en débattre. L'État, au travers de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), est en mesure d'arbitrer entre les bonnes et les mauvaises pratiques. La gestion des données personnelles grâce aux Personal Information Management Systems (PIMS) permet de conserver uniquement les données utiles, que l'on accepte de transmettre, et de supprimer les autres. Cependant, la volonté de recourir à de tels outils existe-t-elle ? À ce jour, il me semble que la facilité prime – et je m'inclus dans cette tendance –, car il s'agit tout de même d'un effort à fournir, qui prend du temps et de l'énergie, afin de réaliser ce tri préalable.

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