Il est nécessaire de différencier les objectifs de décarbonation de ceux liés à l'augmentation des puits de carbone. Autrement dit, la compensation ne doit pas freiner la réduction des émissions. Pour parvenir à la neutralité carbone, il revient à la fois de réduire les émissions et d'augmenter les puits de carbone à l'échelle de la France. L'Assemblée nationale doit donc atténuer son taux d'émission et, simultanément, elle peut recourir à des formes de compensation qui contribuent au développement des puits de carbone. Si la compensation est trop rapidement privilégiée à la réduction des émissions a priori incompressibles, le débat sur ce qui est compressible ou non va tourner court. En synthèse, il est possible d'augmenter la contribution aux puits de carbone tout en poursuivant la réduction des émissions.
En outre, le calcul du gain effectif lié à la compensation est difficile à saisir, car les normes sont très limitées autour des projets de compensation. En effet, vous obtenez des certificats de compensation d'émission lorsque vous plantez des arbres. Ceux-ci quantifient le niveau d'absorption des gaz à effet de serre sur l'intégralité du cycle de vie des arbres. Dès lors, l'absorption du carbone prévue par la compensation est progressive alors que les émissions sont émises immédiatement. Il peut en outre arriver que l'arbre soit abattu ou qu'il meure. De plus en plus d'entreprises privées s'aperçoivent désormais que la compensation est un sujet complexe.
Poser aujourd'hui des idées qui ne sont pas encore audibles permet tout de même de faire progresser le débat. Par ailleurs, le bilan GES détaillé offrira de nombreuses informations sur les possibilités de réduction des émissions. La prochaine SNBC et les travaux de l'ADEME offrent également des pistes concrètes de réduction. Des émissions réellement incompressibles subsisteront cependant et celles-ci pourront être compensées par des efforts plus importants sur d'autres postes à l'échelle de l'organisation. Toutefois, il est clair qu'il sera nécessaire de diminuer le nombre de trajets en avion à l'avenir. Il est, par conséquent, probable que davantage de votes seront effectués à distance. D'ailleurs, je pense que cette modalité a été utilisée pendant la crise sanitaire.