Vous avez très bien décrit les stratégies d'influence de la Russie, mais les éléments constitutifs du système de contrôle que vous avez évoqué renvoient surtout à l'influence exercée par les États-Unis. Le système monétaire, dont l'influence est effectivement déterminante, est dominé par le dollar. Le système juridique, celui du lawfare, est également américain. Il en est de même des sanctions, qui émanent essentiellement des États-Unis, qu'elles soient votées par les instances internationales ou appliquées, volontairement ou involontairement – notamment par le biais du lawfare –, par les alliés des Américains ou les pays non alignés. J'ai oublié le quatrième système, mais je compte sur vous pour nous le rappeler.
Considérez-vous que ces systèmes de contrôle relèvent de l'influence ? Lorsque les mesures sont hostiles, ne peut-on pas parler d'ingérence ? Ainsi, l'extraterritorialité du droit américain a conduit à la condamnation, en 2014, de la banque BNP Paribas à payer une amende de 10 milliards d'euros – une somme correspondant, comme par hasard, à une année de bénéfices. À l'époque, la quasi-totalité des observateurs français avaient contesté, si ce n'est le principe de la sanction, du moins son ampleur, qui n'a pas été sans conséquence pour notre système bancaire. En l'occurrence, est-on encore dans l'influence ou déjà dans l'ingérence ?