Intervention de Thomas Gomart

Réunion du jeudi 19 janvier 2023 à 15h00
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères – États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées – visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des dirigeants ou des partis politiques français

Thomas Gomart, directeur de l'Institut français des relations internationales (IFRI) :

Lorsqu'un diplomate m'invite à déjeuner, je réponds toujours favorablement. Si ce même diplomate m'offre un stylo Montblanc après quelques déjeuners, j'y verrai un glissement – nous sensibilisons d'ailleurs les chercheurs de l'IFRI aux risques que comportent ce genre de situations.

D'un point de vue beaucoup plus large, plusieurs indicateurs peuvent être observés. Le premier concerne le niveau des investissements réalisés en faveur d'actifs stratégiques – après la crise du covid, un travail a du reste été mené s'agissant de la définition de ces actifs et secteurs stratégiques. Au-delà de cet aspect capitalistique, j'appelle particulièrement l'attention de la représentation nationale sur les cas de journalistes ou de chercheurs poursuivis pour leurs écrits par des pays ou groupes étrangers. Un autre signe de ce glissement peut être perçu lorsqu'un État commence à s'inscrire dans une logique de censure des médias et des réseaux sociaux. Ainsi, le 28 février 2022, j'ai accordé un entretien à des journalistes russes avec lesquels j'avais de très bons rapports ; ayant parlé de « guerre », je n'ai jamais vu cet entretien publié.

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