La mission de service public de l'Inserm est de produire une connaissance scientifique et une expertise indépendante des différents lobbys industriels et associatifs. La crise du covid-19 a démontré qu'il était important que de possibles conflits d'intérêts ne jettent pas de suspicion sur les résultats scientifiques et les recommandations des sociétés savantes. Quand le soupçon se généralise, il n'y a plus de politique de santé publique possible. Quelles mesures prendrez-vous pour éviter ces conflits d'intérêts ?
L'Inserm devrait jouer un rôle central dans notre société, compte tenu des enjeux sanitaires et des débats éthiques. Or il est, comme tous les autres instituts de recherche, doublement menacé : d'abord par l'austérité, qui engendre une précarité grandissante, et par la volonté, notamment du Président de la République, de transformer ces établissements en simples agences de moyens. Nous nous opposons à ce lent démantèlement du service public de la recherche. L'Inserm, par exemple, a connu une baisse de 20 % du nombre de techniciens depuis 2012. J'ai d'ailleurs déposé cette semaine une proposition de loi de la NUPES sur l'université et la recherche, dont je vous invite à prendre connaissance. Nous échangerons certainement plus tard sur cette question.
Dans ce contexte serez-vous le président qui organise la disparition de l'Inserm, par une fusion avec l'Institut national des sciences biologiques du CNRS ou en confiant la gestion de ses unités à l'université, comme le propose la Cour des comptes, ce qui aura évidemment pour conséquence la fin du statut de chercheur ? Votre prédécesseur, Gilles Bloch, s'était opposé aux recommandations de la Cour des comptes, et c'est peut-être la raison qui explique sa non-reconduction. Quel est votre point de vue sur l'avenir de l'Inserm, à propos duquel les agents sont vraiment préoccupés ? Votre audition semble indiquer que vous penchez plutôt pour une intégration aux universités, mais je souhaiterais des éclaircissements sur ce point.
Quelle sera votre politique de recrutement pour les postes statutaires de fonctionnaires chercheurs, ingénieurs et techniciens, afin de résorber la précarité, dont l'Inserm est le champion parmi les établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST), avec 40 % de non-permanents.
Pour conclure, les contractuels de l'Inserm sont actuellement mobilisés pour obtenir l'égalité des salaires pour tous les contractuels, anciens et nouveaux. Allez-vous permettre qu'ils puissent tous bénéficier d'une nouvelle grille de rémunérations à compter du 1er janvier 2023 ?