Je souhaite tout d'abord remercier le groupe Socialistes et apparentés de nous donner l'occasion de braquer quelques instants le projecteur sur notre jeunesse, nos étudiants, alors qu'en cette période nos débats sont plus focalisés sur leur lointain avenir que sur leurs difficultés actuelles. Et pourtant cette jeunesse, des difficultés, elle en a connu et elle en connaît encore.
Nous en avons tous conscience, les années de crise covid ont particulièrement touché les étudiants, qui ont souffert plus que tout autre de l'éloignement et du manque de lien social. Ils ont également subi de plein fouet l'impact économique de la crise avec l'augmentation de la précarité et la disparition de nombreux jobs à temps partiel qui permettaient jusqu'ici à nombre d'entre eux, quand ils étaient en difficulté, de boucler leur fin de mois. Nous gardons tous en tête ces images de jeunes faisant la queue devant des banques alimentaires et je tiens à saluer, au nom du groupe Démocrate, la réponse du gouvernement d'alors, qui a su prendre un ensemble de mesures pour combattre cette précarité, notamment en faisant passer le prix du repas dans les restaurants universitaires à 1 euro, suivant la demande de nombreux acteurs du terrain.
Alors que la crise du covid semble derrière nous, il nous faut réfléchir à la manière de pérenniser une disposition utile pour nos jeunes en situation de précarité. La solution retenue par le Gouvernement lors des rentrées 2021 et 2022, consistant à maintenir le repas à tarif préférentiel pour les étudiants boursiers et les non-boursiers précaires, apparaît juste, car elle permet d'accompagner au plus près les étudiants dans le besoin. Précisons que cette année, elle a été accompagnée d'un ensemble de mesures allant du chèque de rentrée à la revalorisation des bourses, grâce à un effort budgétaire supplémentaire de 300 millions d'euros.
Je rappellerai également, comme d'autres avant moi, que le tarif à 3,30 euros est déjà un tarif social étendu à l'ensemble des étudiants et que ce prix n'a pas évolué depuis 2019 – stagnation que l'on n'a pas constatée sous tous les gouvernements.
Le choix d'une aide ciblée est surtout juste, en cohérence avec notre modèle de société qui repose sur la justice sociale. C'est d'ailleurs la logique de l'article L. 821-1 du code de l'éducation, qui précise que l'action des Crous vise à « réduire les inégalités sociales » entre les étudiants.
Je précise qu'actuellement, tous les étudiants peuvent manger pour 3,30 euros, prix intéressant car le coût réel du repas varie entre 7 et 8 euros. Le restaurant universitaire – c'est très important – est également le lieu où l'on se retrouve entre copains et où l'on crée du lien social. Aussi notre groupe s'est-il opposé en commission à la généralisation du repas à 1 euro pour tous les étudiants, préférant la pérennisation du système actuel, même si nous pouvons convenir qu'il peut encore être perfectionné.
Je pense par exemple à la simplification des démarches. Les retours d'expérience de 2021, utiles, ont incité le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche à faciliter le dépôt des demandes auprès des assistantes sociales pour les étudiants non-boursiers lors des quatre premiers mois de l'année, afin d'éviter un embouteillage à cette période.
D'autres mesures incitatives doivent pouvoir être prises et nous défendrons d'ailleurs un amendement visant à assurer la bonne information de tous les étudiants. Ils doivent prendre connaissance de leurs droits lors de leurs démarches de début d'année ; nous comptons aussi sur les Crous pour assurer la publicité de cette mesure et s'assurer qu'aucun étudiant dans le besoin ne passe à côté de ce droit important.
Enfin, la situation actuelle nous démontre que la réforme des bourses annoncée par la ministre est plus que jamais nécessaire pour redonner à ce système du sens, mais aussi et surtout sa pleine utilité sociale.
Madame la ministre, les premières informations semblent démontrer votre volonté d'élargir le nombre d'étudiants bénéficiaires tout en augmentant la valeur des bourses grâce à un lissage qui permettrait de casser l'effet de palier. Ici encore, nous devons démontrer notre capacité à adapter le système, à le moderniser pour coller, au plus près, aux réalités que vivent les étudiants.
Au-delà des a priori des membres de la NUPES, nous, membres du groupe Démocrate sommes solidaires et unis pour travailler tous en faveur de tous les étudiants. Nous voterons donc pour cette proposition loi dans sa rédaction issue de la commission, encore corrigée par les bonnes idées qui seront avancées lors du présent débat, dans une sérénité active.