Il n'est en effet jamais facile de dire à ses camarades qu'on a faim, qu'on a froid, qu'on éprouve des difficultés à se loger, faute de pouvoir compter sur la solidarité familiale ni même nationale. Parfois, cette jeunesse n'ose pas même demander de l'aide aux parents parce qu'elle est traversée par un désir éperdu d'émancipation ; c'est l'entrée dans l'âge adulte, le moment où chacun choisit son chemin. Le grand Jaurès l'a dit : « Une fois émancipé, tout homme cherchera lui-même son chemin. » C'est cette liberté que nous voulons donner à la jeunesse par ce repas à 1 euro.
J'entends qu'il y aurait une injustice à ouvrir à tous les étudiants, sans condition de ressources, ce droit au repas à 1 euro. Mais, pour paraphraser Goethe, j'estime qu'il vaut mieux une petite injustice qu'un grand désordre. Or c'est bien un grand désordre quand une partie de la jeunesse ne se nourrit pas à sa faim, est obligée de sauter des repas, ne parvient pas à remplir son frigo …