Monsieur le rapporteur, vous l'avez parfaitement expliqué à propos de la vie chère en outre-mer : les chiffres parlent d'eux-mêmes. Ils pèsent d'autant plus sur le pouvoir d'achat de nos concitoyens ultramarins que leur niveau de vie est bien inférieur à celui des hexagonaux. Selon les dernières statistiques de l'Insee, en Guadeloupe, par exemple, 34 % des personnes vivent sous le seuil de pauvreté, contre 14 % en France métropolitaine, et 12 % des Guadeloupéens sont en situation de grande pauvreté, contre 3 % dans l'Hexagone. Nos concitoyens de Mayotte souffrent davantage encore de la pauvreté.
Ce que je déplore à l'Assemblée nationale depuis six ans, c'est que, alors que tous les députés ultramarins parlent d'une voix unanime, nous restions incompris – c'est du moins l'impression que j'en ai – par le Gouvernement et par la majorité présidentielle. La France, c'est tous ses territoires : non seulement la Bretagne, la Corse ou, par exemple la Marne, mais aussi tous les territoires dits ultramarins, ces territoires qui ont connu, à un moment de leur histoire, un régime politique et économique que l'on dit « économie de comptoir », fondé sur le préjugé d'inégalité entre les êtres humains, au nom duquel on pouvait extraire, spolier et transporter toutes les richesses possibles. Ce que je voudrais que nous comprenions, c'est que ces inégalités fondées sur des préjugés et sur certains prismes ont persisté après la départementalisation avec, par exemple, un Smic qui n'a été appliqué que très tardivement au même niveau que dans l'Hexagone. Je ne parle même pas de la situation à Mayotte, qui laisse nos concitoyens mahorais dans une indigence scandaleuse.
C'est la raison pour laquelle, monsieur le rapporteur, je suis favorable à cette demande de commission d'enquête que vous préconisez et que votre groupe soutient. Le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires y est également favorable. La commission d'enquête sur l'eau, avec nos excellents collègues Mathilde Panot et Olivier Serva, nous a déjà permis de faire éclater la vérité. La commission d'enquête sur le chlordécone, avec nos non moins excellents anciens collègues Serge Letchimy et Justine Bénin, a permis de faire la lumière et a conduit à bien des avancées dans la lutte contre le chlordécone.
Seule une commission d'enquête avec ses prérogatives, qui imposent aux personnes convoquées de déposer sous serment, qui autorisent le rapporteur à exercer un contrôle sur pièces et sur place et à se faire communiquer tout document utile, qui l'autorisent également à demander à la Cour des comptes de procéder à des enquêtes, nous permettra de mettre en évidence les différents facteurs concourant à la vie chère et de formuler des propositions pour orienter les politiques publiques afin d'y remédier.
Nous pourrons ainsi analyser la formation des prix et des marges des produits alimentaires, le rôle de la TVA et de l'octroi de mer, le poids des oligopoles, des industriels, des importateurs, des distributeurs ou encore du fret. Nous pourrons aussi évaluer le bien-fondé et l'attractivité des différents boucliers qualité prix mis en œuvre actuellement outre-mer, en analyser la pertinence et les élargir à des familles de produits de première nécessité, comme les pâtes ou les conserves. Nous pourrons également examiner la façon dont sont répercutées sur les consommateurs ultramarins les différentes mesures en faveur du pouvoir d'achat, comme la diminution de 500 euros par conteneur de 40 pieds du groupe CMA-CGM, en plus du gel des taux de fret depuis mai 2021. Nous n'oublierons pas non plus les frais liés aux déplacements, qu'il s'agisse du prix du billet d'avion ou celui de l'essence, et au logement.
Je rappelle que c'est mon groupe qui a permis le plafonnement de la mise à jour annuelle des valeurs locatives foncières à 2,5 % dans les outre-mer au lieu de 3,5 % dans l'Hexagone. Nous pourrons mettre en valeur la nécessité d'appliquer le principe de différenciation aux politiques publiques pour permettre enfin aux économies de nos territoires de converger vers l'autonomie alimentaire et énergétique – avec la géothermie, notamment – et de tendre vers une plus grande justice économique et sociale.
C'est pourquoi le groupe LIOT, je le dis à nouveau, est favorable à la mise en place de cette commission d'enquête sur le coût de la vie dans les départements et régions d'outre-mer.