Permettez-moi d'adresser à cet instant un triple remerciement : d'abord à mon collègue rapporteur, ce cher Johnny Hajjar, qui a eu le courage de proposer la création d'une commission d'enquête afin de mieux analyser les mécanismes de formation des prix ; ensuite au groupe Socialistes et apparentés qui, une fois encore, permet à cette assemblée, trois ans après la commission d'enquête sur l'utilisation du chlordécone et du paraquat, de faire la lumière sur un des maux qui frappe nos populations ; enfin, aux membres de la commission qui ont voté à l'unanimité cette proposition de résolution, preuve que le coût exorbitant de la vie en outre-mer est désormais reconnu et appelle la mobilisation de tous.
Je ne reviendrai pas sur les statistiques édifiantes égrenées avant moi. Mais force est de constater que les inégalités persistent : pour beaucoup, même la survie est inabordable, quand d'autres profitent de la situation de manière indécente. Hélas, les divers gouvernements qui se sont succédé ont multiplié les annonces tonitruantes, entretenu une communication effrénée et fait preuve d'inaction. Or ils disposent pourtant depuis 2017 de tous les pouvoirs légaux pour lutter contre la vie chère en outre-mer. Régulation des marchés de gros et de la chaîne logistique, définition d'un prix global d'un panier de produits de première nécessité, blocage des prix des carburants, aide au fret, répression des accords exclusifs d'importation, contrôle des opérations de concentration : tout l'éventail des mesures légales permettant de réguler la concurrence et de baisser les prix existe depuis bientôt dix ans !
Face aux mécanismes de « profitation » – comme on dit chez nous – qui étouffent nos compatriotes, la loi permet d'ores et déjà au Gouvernement, au-delà même du BQP, d'encadrer, voire d'administrer les prix, de plafonner le prix des billets d'avion, de baisser les prix des carburants ou de saisir l'Autorité de la concurrence sur l'explosion du prix du fret. Si la loi reste améliorable, beaucoup se résume souvent, dans cette affaire, à une question de volonté politique.
Je forme donc le vœu que cette future commission d'enquête puisse non seulement faire la lumière sur les nœuds structurels contribuant à renchérir le coût de la vie, mais formule également des pistes législatives et techniques d'amélioration de la situation. Au-delà, elle devra aussi, à mon sens, interroger le rôle de l'État dans ce contexte brûlant, notamment, disons-le, questionner son désengagement et son sous-investissement chronique dans les infrastructures de base des outre-mer.