La zone économique exclusive dont la France a la responsabilité dans l'océan Indien s'étend sur 2,6 millions de kilomètres carrés grâce aux départements de La Réunion et de Mayotte, mais également aux Terres australes et antarctiques françaises : une goutte d'eau dans un océan, mais une goutte d'eau diablement stratégique. Zone de transit incontournable, cet espace océanique est en effet grandement convoité, exploité et traversé par des intérêts financiers indéniables. Pour reprendre les qualifications du document du ministère de l'Europe et des affaires étrangères de 2022 relatif à la stratégie de la France dans l'Indo-Pacifique, ces accords portent sur un « espace de polarisation des tensions et des grands enjeux mondiaux ».
Ma collègue Ersilia Soudais l'a rappelé : aux inégalités économiques à l'œuvre dans cette région du monde, s'ajoutent des difficultés sécuritaires. Si la lutte contre l'insécurité maritime constitue un impératif, elle ne peut être l'alpha et l'oméga de la politique française dans la région. Le pilier défense et sécurité doit s'articuler avec les questions économiques, diplomatiques, multilatérales et écologiques.
Ce qui frappe, depuis le début de l'étude de ces textes, c'est l'absence d'une stratégie claire de la France dans l'ensemble de la zone indo-pacifique. La France affirme vouloir y jouer le rôle d'une puissance stabilisatrice. C'est très bien, mais avec quels moyens, quels objectifs et dans quel cadre de coopération bénéfique à l'ensemble des peuples de cette vaste zone ? La question climatique notamment semble être un impensé dans cette aire géographique qui compte pourtant plus du tiers de la population mondiale. Par ailleurs, ces accords ne sont pas à la pointe sur la surpêche, principalement européenne, dans l'océan Indien.
Nous sommes conscients que ces textes ne sauraient régler tous les enjeux indo-pacifiques. Le fiasco de la crise de l'Aukus entre la France et l'Australie montre que du chemin reste à parcourir. Le groupe LFI – NUPES appelle à engager une véritable réflexion sur notre politique indo-pacifique. Nous nous abstiendrons donc sur ces textes.