Désengrillager revient donc à rendre une partie de l'espace à la nature, notamment à la faune sauvage. C'est aussi libérer visuellement nos paysages et tendre finalement vers l'idée d'un paysage comme bien commun.
Or c'est là que le bât blesse : l'article 2, qui prévoit la création d'une contravention de niveau 4 pour toute intrusion sur une parcelle forestière privée, s'oppose à ce principe. Le chasseur, qui possède un droit spécifique de circulation, ne sera pas concerné par cette contravention. Mais c'est le seul usager de la nature qui en sera exempté.
Est-ce bien là le message que nous souhaitons envoyer ? Les promeneurs traversent la forêt sans y causer de dégâts et ils sont bien loin de penser à mal quand ils passent d'un chemin de randonnée à un autre, en empruntant un raccourci qui se dessine, un petit sentier qui traverse peut-être des parcelles privées, le parcellaire forestier français étant si complexe. C'est sans aucune volonté de nuire que ce sentier sera emprunté par les promeneurs, et c'est chose courante dans nos campagnes.
Cette contravention, que la NUPES dénonce depuis le départ, est injustifiée. Souhaitons-nous vraiment envoyer à ces promeneurs le message que la nature est chasse gardée ? Souhaitons-nous vraiment tendre vers une privatisation punitive de l'espace naturel ?
Signalons aussi ces autres usagers de la nature, souvent méconnus et en tout cas non considérés à leur juste valeur par le Gouvernement : les bénévoles des associations de protection de la nature. Si nous sommes un certain nombre de parlementaires à reconnaître l'importance de la protection de la biodiversité, alors il nous faut reconnaître leur rôle.
S'il est désormais possible de connaître la répartition des espèces animales et végétales de notre pays, c'est parce que ces bénévoles et ces associations jouent depuis des dizaines d'années un rôle essentiel dans le recensement des espèces sauvages.