Indépendance et coopération ne sont pas opposées, bien au contraire : il est possible de mener une politique de défense non alignée et indépendante, capable de relever les défis communs. Or un rapport d'information publié en octobre 2022 par la commission des finances du Sénat notait que la présence militaire dans les outre-mer subissait de plein fouet la rationalisation des moyens alloués, ce qui a entraîné une réduction des effectifs au strict nécessaire. Pourtant nos outre-mer représentent des ressources uniques pour constituer des politiques internationales et des partenariats régionaux. Or deux composantes sont essentielles à l'élaboration de politiques ambitieuses : une vision à long terme et des moyens suffisants.
Au-delà des enjeux liés à la défense, que nous examinons aujourd'hui, la relation bilatérale avec les Pays-Bas dans la région caribéenne présente de vastes possibilités de coopération renforcée, dont nous profiterions grandement : lutte non seulement contre la criminalité organisée – notamment le trafic de drogues et d'armes, la pêche illégale et l'orpaillage clandestin –, mais aussi contre la corruption et contre la fraude fiscale – ce serait là un moyen d'agir, étant donné que le Gouvernement ne cesse de nous parler de déficit. En octobre dernier, ma collègue Charlotte Leduc estimait dans un rapport que la fraude fiscale représente un manque à gagner de 50 à 120 milliards d'euros par an. Allons chercher cet argent ! Quant à la défense, elle requiert également un élargissement des perspectives. Les ouragans Irma de 2017, Fiona et Ian de l'automne 2022 nous rappellent la réalité du dérèglement climatique : l'urgence d'agir est d'autant plus grande que les événements climatiques extrêmes affectent particulièrement nos territoires ultramarins.
Pour bon nombre de nos compatriotes, ce dérèglement ne constitue plus une abstraction, mais une menace grandissante pour leurs conditions d'existence. Il est grand temps de rompre avec l'inaction climatique et le manque d'ambition auxquels ce gouvernement nous a habitués. Notre politique de défense doit contribuer à relever ce défi, ce qui suppose le renforcement de notre coopération bilatérale à court et à long terme. Dans l'immédiat, il convient de multiplier les actions conjointes en matière d'assistance logistique et humanitaire, ce que cet accord rendra possible ; dans un avenir plus lointain, de faciliter le partage de bonnes pratiques ayant trait aux événements climatiques extrêmes et d'élaborer des plans communs de prévention et de protection des populations et des infrastructures.
Les élus ultramarins et les communautés concernés devront être associés à chaque étape de cette coopération et leurs demandes prises en compte. Les territoires d'outre-mer deviendront ainsi le fer de lance d'une diplomatie non alignée, universaliste, susceptible de faire face aux enjeux contemporains. Pour ces raisons, le groupe LFI – NUPES votera en faveur de la ratification de cet accord.