Face à la multiplication des menaces hybrides, aux conflits armés qui mettent à l'épreuve les relations internationales, à l'urgence à laquelle nous confrontent le dérèglement climatique et ses dommages irrémédiables, notre réponse ne pourra pas être individuelle. Seuls, nous en serions réduits à la résignation face à ces conséquences inéluctables car nos actions n'auraient pas de poids et resteraient vaines.
Les écologistes que nous sommes sont depuis toujours partisans d'une Europe renforcée et fédérale, dont le socle reposerait sur l'humanisme. Mais il nous faut trouver une boussole à la hauteur de l'urgence et de notre puissance collective. Il nous faut renforcer sans cesse nos coopérations, dans nos domaines établis comme au sein de ces nouveaux domaines d'intérêt stratégiques communs et envisager la réponse aux défis comme une réponse multimodale, complexe, universaliste et parfois non alignée.
Nous examinons ici un projet de loi qui paraît presque évident, non seulement en raison de l'urgence, mais aussi du fait de la forme de coopération qu'il propose. Il existe en effet déjà des liens étroits et anciens dans les Caraïbes entre la France et les Pays-Bas. Saint-Martin, Sint Maarten, avec son histoire, en est l'exemple type. C'est tout le sens d'une politique de coopération incarnée, consciente de son histoire et de ses atouts.
Ce texte montre que face aux défis majeurs que nous rencontrons, une politique de défense efficace peut aussi se présenter comme non alignée, indépendante et être parfaitement capable de surmonter collectivement des défis communs. Cet accord offrira les bases d'une meilleure collaboration technique, logistique et humaine, ainsi que d'une plus grande efficacité dans le soutien apporté aux populations, notamment pour répondre aux événements climatiques à venir. Je ne peux que saluer cette dynamique en tant que présidente du groupe d'amitié entre la France et les Pays-Bas.
Aux grands maux les grands remèdes. Nous le voyons aujourd'hui, l'élément qui nous amène à étudier ce texte de coopération n'a rien à voir avec une quelconque armée, et son nom, que d'autres ont évoqué avant moi, résonne sûrement encore chez vous : Irma.
Irma, c'est le nom de cet ouragan qui a détruit une grande partie de l'île de Saint-Martin. Il incarne le désastre, notre impuissance face aux éléments et à l'environnement qui pourtant ne cesse de nous rappeler la nécessité d'agir. Notre manque d'organisation à l'époque pour répondre à l'urgence humanitaire après la catastrophe a sans nul doute accéléré les négociations qui ont abouti à ce texte.
Face à l'urgence, il faut bien admettre que nos territoires d'outre-mer ne sont pas aussi bien lotis que nous : si, à terme, nous sommes tous touchés par les conséquences environnementales du changement climatique, ils sont le premier front particulièrement affecté par les bouleversements climatiques, et le travail pour protéger nos concitoyens ultramarins reste immense.
Je tiens à l'affirmer à nouveau devant vous : les outre-mer sont un levier indispensable pour construire des politiques internationales et des partenariats régionaux dans de nouveaux domaines de coopération. Ils seront les pionniers d'une nouvelle forme de diplomatie, capable de relever les défis contemporains, parmi lesquels les nombreux aléas climatiques qui nous toucheront indubitablement dans les années à venir.
La coopération bilatérale prévue par le texte est donc essentielle à court terme, puisqu'elle permettra de fournir une assistance logistique et humanitaire. Mais son intérêt sera également central à long terme, grâce à l'échange de bonnes pratiques ou l'élaboration de plans communs de prévention et de protection des populations et des infrastructures, appui dont nos territoires d'outre-mer ne sauraient autrement bénéficier.
Je me réjouis particulièrement de la définition large de la défense qui a été retenue, et qui fait de l'aide humanitaire une clé de voûte du texte. Dans ces territoires plus encore qu'ailleurs, nous devons être en mesure de renforcer concrètement nos coopérations techniques, matérielles et humaines. Ainsi, lors d'une catastrophe comme celle de l'ouragan Irma, nous serons bien plus efficaces pour pallier l'urgence, voire l'anticiper ensemble.
Pour terminer, j'irai même un peu plus loin : la défense n'est pas le seul enjeu de cette région du monde auquel nous pourrons répondre grâce à la relation bilatérale avec les Pays-Bas. Je suis persuadée que d'autres coopérations suivront, répondant à d'autres enjeux tout aussi importants, comme la fraude fiscale ou le trafic de drogue. Gageons que cet accord, dont la visée humanitaire ne fait aucun doute, sera aussi un terrain propice à l'échange de savoirs et de bonnes pratiques entre nos militaires et nos deux pays.
Pour toutes ces raisons, le groupe Écologiste – NUPES votera donc en faveur du texte.