Comme souvent, quand il s'agit de vanter ses bonnes intentions, le Conseil européen n'est pas économe en tournures emphatiques et quelque peu ampoulées : le Conseil européen « reste déterminé », l'Union européenne « demeure résolue », le Conseil européen « se félicite », etc. Mais derrière les belles paroles, on regrette le peu d'avancées sociales ou écologiques concrètes.
En ce qui concerne la sécurité alimentaire, les conclusions du Conseil européen mentionnent la nécessité de continuer à assurer la disponibilité de produits agricoles et d'engrais à un prix abordable, sans aucune remise en question du modèle agricole extensif, alors que nous avons vécu un été caniculaire et que nous enregistrons actuellement les températures les plus élevées depuis le début des relevés, en 1900. L'agriculture est pourtant le plus grand contributeur au réchauffement climatique par ses émissions de gaz à effet de serre.
S'agissant de la crise énergétique, il est tout de même assez ironique, compte tenu de l'inflation des prix du gaz et de l'électricité, que le Conseil européen se félicite des progrès accomplis. Il envisage de corriger le marché alors que l'on paie, littéralement, la libération de celui-ci. Il suffit de voir l'envolée exponentielle des prix de l'électricité et du gaz depuis la privatisation d'EDF-GDF. Je précise que EDF-GDF existait alors que nous étions dans l'Union européenne. Il faudrait peut-être trouver un autre argument que la menace du Frexit pour nous convaincre !
Cette obstination à rester dans le marché européen de l'énergie relève-t-elle de l'idéologie, de l'aveuglement ou du déni, ou des trois à la fois, sachant par ailleurs que l'Allemagne, dont l'industrie est très dépendante du gaz, ne veut entendre parler ni d'un plafonnement du prix du gaz ni d'un nouvel emprunt pour soutenir les ménages et les entreprises en difficulté ?
En matière économique, alors que le Conseil européen veut instaurer les conditions d'une concurrence équitable au niveau mondial, les États-Unis ont pris un virage protectionniste et usent de politiques commerciales agressives. Que de temps perdu ! Tout se fait actuellement dans l'urgence, et pour cause, la France ayant exercé la présidence de l'Union européenne pendant six mois en 2022 sans qu'aucune leçon ne soit tirée de l'impasse néolibérale !