Ce rapport a le mérite d'objectiver la stratégie vaccinale de lutte contre la covid-19 déployée par la France. Il souligne l'adhésion d'une part importante de la population au schéma vaccinal initial délivré entre décembre 2021 et septembre 2022. Les chiffres parlent de 79 % de la population française, soit 90,6 % de la population éligible à la vaccination. Toutefois, ils ne doivent pas cacher l'intensité de rejet de la minorité opposée à la vaccination, avec toutes les questions que posent les stratégies de gestion et d'exclusion de la sphère publique de ces personnes et leurs conséquences en termes de cohésion sociale. Nous pensons à l'épineuse question du personnel soignant non vacciné, pourtant majoritairement mobilisé au plus fort de la pandémie. Figé dans une espèce de vide juridique, ce personnel n'a toujours pas été réintégré alors même que les bras manquent cruellement dans les hôpitaux et ailleurs.
Le rapport souligne également la moindre vaccination des 80 ans et plus alors que cette population particulièrement vulnérable était la cible privilégiée de la stratégie vaccinale. Si la communication gouvernementale a largement ciblé les populations jeunes, parfois en les culpabilisant sur leur responsabilité vis-à-vis de la progression de l'épidémie, nous notons là un échec important. Quelles sont les pistes pour progresser sur cette accessibilité ? Dans la continuité de cette observation, la modestie des chiffres des derniers élargissements de la vaccination de rappel pour les 60 ans et plus interroge fortement, autant sur la question de l'accessibilité que sur celle de l'adhésion à des injections régulières sur le modèle de la vaccination contre la grippe.
Enfin, nous partageons la nécessité soulignée dans le rapport de clarifier les procédures pour permettre à la HAS d'exercer l'ensemble de ces missions relatives à la vaccination dans des contextes d'urgence, en s'appuyant sur l'expérience acquise durant la crise et en travaillant à améliorer la dimension démocratique.
Je conclurai par plusieurs questions. Comment expliquez-vous le mauvais fonctionnement de la campagne outre-mer ? Pourquoi ne pas avoir dès le début mobilisé l'ensemble des forces médicales et paramédicales ? L'approvisionnement en vaccins aurait-il été mieux garanti si les laboratoires français avaient pu développer leur propre formule ? Enfin, pourquoi s'être tant appuyé sur Doctolib, une entreprise privée ?