Avec l'article 10 de ce projet de loi sur le pouvoir d'achat, nous attaquons la discussion du premier des dix articles portant sur l'énergie. Ce n'est pas scandaleux, car nous connaissons actuellement une explosion des prix de l'énergie, mais ces dix articles ne contiennent pratiquement rien sur l'augmentation du pouvoir d'achat. Cette discussion aurait mérité d'être plus approfondie et qu'on lui consacre beaucoup plus de temps. Nous aurons peut-être l'occasion de le faire lors des débats sur le projet de loi que le Gouvernement présentera au mois de septembre.
On met souvent en avant la guerre en Ukraine pour expliquer la hausse des prix de l'énergie. Cette guerre a bon dos, car la crise avait commencé bien avant. Elle est d'abord un échec du marché et la Cour des comptes en convient. Elle est aussi le résultat de l'inaction pendant cinq ans des gouvernements précédents : la France est le seul pays d'Europe qui n'a pas atteint ses objectifs en matière de développement des énergies renouvelables (ENR) ; le bilan sur l'isolation des logements est ridicule et la moitié des réacteurs nucléaires est actuellement à l'arrêt, et ce n'est pas la faute d'activistes. On se retrouve donc avec la relance du charbon et le développement du GNL – gaz naturel liquéfié – américain.
Ce texte est brouillon et climaticide. Les mesures de réquisitions et d'intervention de l'État qu'il contient sont un aveu par le Gouvernement de l'échec du marché.
Il vous reste à comprendre les vrais besoins. Ils sont ceux d'une stratégie énergétique globale de souveraineté, d'une planification écologique, qui ne se limite pas à un slogan de candidat à l'élection présidentielle en mal de programme, et d'une sortie de l'énergie du marché, car l'énergie n'est pas une marchandise, c'est un bien de première nécessité. Si vous aviez vraiment voulu parler de pouvoir d'achat en matière d'énergie, il aurait fallu évoquer la disparition des tarifs réglementés du gaz prévue l'année prochaine.
Pour en revenir à l'article 10, il y a urgence à stocker du gaz, mais il y a surtout urgence à sortir des énergies fossiles.