Merci, monsieur le président. Les événements qui donnent lieu à cette commission d'enquête parlementaire m'ont convaincu d'être candidat aux élections législatives. Sans les réactions d'indignation qu'ils ont suscitées, par-delà le seul monde nationaliste, je n'aurais probablement pas été candidat à ces élections, alors même que j'exerçais des responsabilités en tant qu'élu municipal, régional et intercommunal. Ce qui s'est passé a réveillé un grand nombre de sentiments profonds que les Corses et la Corse vivent depuis le 6 février 1998. La mort d'un homme en détention dans de telles conditions n'est pas acceptable, ni explicable. Rien ne peut la justifier.
En dépit de nos orientations politiques divergentes, nous sommes donc, avec M. le président Jean-Félix Acquaviva, à la recherche de la vérité, des vérités sur les parcours de ces deux détenus, placés tous deux, pour des raisons différentes, sous le statut de DPS, privatif de certaines libertés et qui, en l'occurrence, n'a malheureusement pas donné lieu à la mise en œuvre de certaines protections.
En tant que rapporteur, je me ferai le transcripteur fidèle des propos des personnes auditionnées et de mes collègues participant à cette œuvre collective. J'arrive sans idée arrêtée, mais avec quelques convictions fortes, comme celle que ce type d'événements ne peut pas rester inexpliqué. Des convictions également concernant notre système carcéral et les conditions de détention des personnes placées sous le régime spécifique de DPS ; sur le suivi de la radicalisation religieuse en milieu carcéral et la prévention des actes qui peuvent en résulter ; sur l'histoire de ces deux hommes, qui les a conduits à se retrouver dans la même salle de sport ce 2 mars. Cette enquête aura pour objet de faire la lumière sur les manquements de certains hommes et certaines femmes dans l'exercice de leurs fonctions, mais aussi de la part du système carcéral dans son ensemble.
Par-delà les opinions politiques, ce qui s'est passé a suscité de nombreux questionnements en Corse. Notre rôle sera de laisser le moins de zones d'ombres possible. Je ne sais pas si nous parviendrons à un accord sur les conclusions de notre rapport à l'issue de notre enquête, mais je voudrais permettre à toutes les personnes qui ont été touchées par ce drame de se faire elles aussi leur opinion éclairée sur les circonstances ayant conduit à ce drame. Je remercie les collègues qui ont bien voulu faire partie de cette commission d'enquête parlementaire, ainsi que les deux députés corses non membres de la commission qui ont souhaité y participer. Les quatre députés corses sont ainsi présents dans cette salle. Il est rare que le président et le rapporteur d'une commission d'enquête soient issus d'un même territoire. C'est aussi une manière pour moi de contribuer à l'amélioration du système carcéral, que je connais bien, en tant qu'avocat de formation. De nombreux rapports parlementaires en ont déjà traité Si ce drame est de nature à lui permettre de s'améliorer, j'aurai le sentiment d'avoir rempli mon office, car les agressions mortelles en son sein sont malheureusement trop fréquentes en France.