Conformément à notre principe selon lequel, quelles que soient nos positions géopolitiques ou notre avis sur la reconnaissance de tel ou tel État, il n'est pas question de priver les personnes de droits qui leur reviennent, nous ne nous opposerons pas à ce texte. Pour autant, il ne faut pas sous-estimer l'impact des choix internationaux qui ont été faits il y a désormais quatorze ans avec la reconnaissance unilatérale de l'indépendance du Kosovo. Je n'ai pas à en juger, à titre personnel, mais, quoi qu'on pense du fond, on ne peut pas occulter les faits : sur 193 États membres des Nations Unie, seuls 92 reconnaissent l'indépendance du Kosovo. J'ajoute, ce qui est très important dans la perspective d'une éventuelle adhésion du Kosovo à l'Union européenne, que certains membres de cette dernière, comme l'Espagne, font partie des États qui ne reconnaissent pas l'indépendance du Kosovo. Ce n'est pas un détail. Par ailleurs, la Russie a justifié l'annexion de la Crimée, de manière certes propagandiste et très malhonnête, en s'appuyant sur le précédent kosovar. Il faut être lucide : ce type de discours est entendu dans le monde.
Nous ne nous opposerons pas à ce texte mais je souhaite qu'il soit l'occasion de regarder dans le rétroviseur et de faire le bilan de certains choix, qui sont parfois faits dans un entre-soi occidental en oubliant un peu que le monde nous observe et nous demande des comptes sur certaines décisions qui peuvent être prises de manière précipitée, sans forcément réfléchir à toutes les conséquences.