Ma question s'adresse à Mme Rima Abdul Malak, ministre de la culture. Il y a à La Rochelle un ouvrage remarquable, dont la contribution au patrimoine est certaine, qui tombe en ruine. Il s'agit du pont de Tasdon, au sujet duquel je vous avais déjà interpellée l'été dernier.
Ce pont plus que centenaire, construit en 1912 par les frères Boyer, ouvrage emblématique de notre cité maritime, relie deux quartiers rochelais en enjambant les rails de la gare SNCF qui se trouve à proximité. Ce pont se délite de jour en jour, du fait d'un imbroglio juridico-administratif qui voit la SNCF et la mairie de La Rochelle rejeter l'une sur l'autre la charge de son entretien, dans un conflit qui va jusqu'au Conseil d'État. Les usagers du pont constatent chaque jour, hélas, les atteintes du temps, et voient les blocs de béton se détacher de l'infrastructure.
Je me rends à la gare chaque semaine pour prendre le train et, quand je me gare sous ce pont, je vois des filets tendus sur toute sa longueur, pour empêcher que des morceaux détachés ne tombent sur les gens.
Non seulement les travaux ne sont pas entrepris, mais il est envisagé de faire passer sous ce pont une nouvelle voie de circulation. Le temps passe et le dossier s'enlise faute de réelle volonté de trouver une solution, ce qui suscite l'irritation légitime des Rochelais et des comités de quartier mobilisés sur le sujet. Madame la ministre, en entreprenant la démarche d'inscription au titre des monuments historiques, vous participerez à la sauvegarde de cet édifice emblématique de notre ville. Par cette démarche, l'État pourrait mettre le propriétaire défaillant en demeure de réaliser les travaux devenus indispensables pour assurer la conservation du pont.
Nous ne sommes pas encore dans une situation où le péril serait tel que le pont deviendrait dangereux et menacerait de s'écrouler, mais des exemples graves comme l'effondrement du pont de Gênes ont montré qu'il fallait surveiller ce type d'ouvrages avec une extrême vigilance.
Il faut se rendre à l'évidence : ce pont est dans un état de vétusté préoccupant ; il se dégrade à vue d'œil. Madame la ministre, comme beaucoup de Rochelais, je ne me résous pas à voir disparaître le pont de Tasdon. C'est pourquoi je compte sur vous comme j'ai pu compter sur votre prédécesseure Roselyne Bachelot, afin que ce dossier connaisse la même conclusion heureuse que celui de l'inscription de la salle historique du cinéma l'Olympia, pour lequel j'avais entrepris des démarches similaires. Il y va, madame la ministre, de notre patrimoine, mais aussi de notre sécurité.