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Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du lundi 16 janvier 2023 à 21h30
Évolution de la formation de sage-femme — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

…et prennent soin de nos mères, dans les instants de vulnérabilité que sont ceux de l'enfantement. Il s'agit d'une vocation plus que d'une profession, tant leur art se rapproche de l'intime et du sacré, puisque c'est entre leurs mains que la vie est confiée.

Des mains qui, depuis quelques années maintenant, ont pris leurs plumes pour nous écrire et nous alerter sur la dégradation de leurs conditions de travail. Le constat est malheureusement sans appel : les hôpitaux perdent des sages-femmes et, dans le même temps, peinent à recruter de jeunes diplômés qui ne souhaitent plus y exercer, fatigués par les conditions dans lesquelles on leur demande d'accomplir leur mission et par le non-respect de leur statut médical. Le Ségur de la santé avait bien apporté quelque espérance mais les mesures prises sont demeurées insuffisantes pour restaurer une attractivité professionnelle perdue.

Épuisées de ne pas être entendues, bon nombre de sages-femmes ont rangé leur blouse au placard, engendrant une pénurie sans précédent de professionnelles au sein des maternités, comme en ville. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : les radiations des sages-femmes en âge d'exercer enregistrées par le Conseil de l'Ordre ont augmenté de 112 % au cours du premier semestre 2022, phénomène qui contribue mécaniquement à une accélération de la dégradation des soins prodigués.

Inédite pour la profession, cette perte d'attractivité n'en est qu'à ses débuts : près de 20 % des places en deuxième année d'études de maïeutique sont restées vacantes lors de la rentrée 2022. Cette tendance pourrait s'inverser si les sages-femmes étaient mieux considérées et reconnues. C'est ce qu'elles demandent et c'est ce que nous leur devons. Leur statut doit évoluer et, à tout le moins, être clarifié. Tantôt reconnue comme médicale, notamment lorsque leur responsabilité pénale peut être engagée, leur profession redevient paramédicale dès lors qu'il s'agit de lui accorder quelque avantage.

La perte d'attrait de la profession s'explique aussi par un niveau élevé d'études – cinq années à ce jour –, qui n'est gratifié pour les sages-femmes hospitalières débutantes que d'un salaire oscillant entre 1 600 et 1 800 euros par mois.

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