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Intervention de Serge Muller

Séance en hémicycle du lundi 16 janvier 2023 à 21h30
Évolution de la formation de sage-femme — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Muller :

L'ordre des sages-femmes l'a dit, nous connaissons une crise profonde de la profession car le métier attire moins. Ce manque d'attractivité dont résultent des difficultés de recrutement dans nos maternités contribue à dégrader davantage la qualité et la sécurité des soins prodigués aux Françaises. Il conduit également à créer davantage d'inégalités territoriales en matière d'accès aux soins.

Une réforme visant à rendre le métier plus attractif était donc essentielle tant pour assurer la bonne qualité de vie au travail des sages-femmes que pour offrir une meilleure qualité de soins à nos concitoyennes.

La profession ainsi que les syndicats étudiants, dont je tiens à saluer la ténacité sans laquelle nous aurions mis sûrement beaucoup plus de temps à agir, réclamaient trois mesures principales : la pleine intégration universitaire de la formation ; le développement de la recherche en maïeutique ; la reconnaissance statutaire du caractère médical des sages-femmes. C'est chose faite. Les différents articles de cette proposition de loi constituent une véritable réforme : ils suppriment le flou qui régnait autour de la profession et sur son appartenance au secteur médical ou paramédical.

La création du diplôme d'État de docteur en maïeutique, qui était d'ailleurs la revendication principale des sages-femmes, va également permettre de mieux définir leur champ de compétences, lequel a connu de grandes évolutions ces dernières années.

Cette profession ne se limite en effet plus simplement à l'accompagnement de la naissance. Les sages-femmes ont vu leurs compétences s'élargir aux domaines gynécologique, orthogénique, contraceptif, préventif et éducatif. Elles ont également des compétences en matière d'IVG, de dépistages d'IST, de vaccination et dans bien d'autres domaines encore. Il était donc nécessaire de permettre une refonte de leur formation pour leur bien-être mais aussi pour la qualité des soins dispensés à nos concitoyennes.

Je tiens à saluer une disposition qui peut paraître anodine mais qui revêt en réalité une importance capitale. Je veux parler de la création du statut de maître de stage agréé en maïeutique qui contribuera à améliorer l'encadrement des étudiants trop souvent laissés seuls dans l'environnement bouillonnant qu'est celui de l'hôpital.

Trop d'étudiantes et d'étudiants connaissent des symptômes dépressifs lors de ces périodes de stages – sept sur dix seraient concernés –, phénomène qui participe grandement à la perte d'attractivité du métier et aux abandons en cours de formation. Si l'on veut pouvoir attirer à nouveau, nous devons mieux accompagner celles et ceux qui se destinent à cette profession et ce sera, je pense, chose faite grâce à l'article 1er bis .

Il faut voir cette proposition de loi comme la première étape d'une réforme plus profonde. Nous devons tous poursuivre nos réflexions pour parvenir à de nouveaux progrès et en finir avec les pénuries de personnel dans nos hôpitaux. Dans cette perspective, il importe de revoir la rémunération de nos sages-femmes, qui joue un rôle central dans l'attractivité du métier.

Les déserts médicaux sont devenus un enjeu crucial, dans mon département de la Dordogne comme dans beaucoup des vôtres, et nous sommes tous conscients au sein de cet hémicycle de la nécessité de développer des offres de formation sur l'ensemble de nos territoires. Sachant que les étudiants restent généralement dans les villes où ils ont étudié, l'encouragement donné au développement de cette formation et sa pleine intégration universitaire nous permettront d'accomplir des avancées significatives dans l'accès aux soins de nos concitoyennes.

Nous sommes favorables à cette proposition de loi et je tiens pour finir à saluer la dynamique transpartisane qu'elle a suscitée. Il faut que nous nous inspirions de ce mode de travail parlementaire tant réclamé par nos concitoyens. C'est ainsi que nous avancerons dans le sens de leurs intérêts.

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