L'étude nationale sur les morts violentes au sein du couple dresse un constat pour le moins alarmant. En 2021, ce sont en effet 143 morts violentes au sein du couple qui ont été recensées par les services de police et les unités de gendarmerie alors qu'on en comptait 125 en 2020 : c'est 18 victimes de plus. Sur ces 143 morts, 122 étaient des femmes et 21 des hommes. En moyenne, un décès est enregistré tous les deux jours. Par ailleurs, 251 tentatives d'homicide ont été recensées.
En 2021, les services de sécurité ont enregistré 208 000 victimes de violences commises par leur partenaire ou ex-partenaire, un chiffre en augmentation de 21 % par rapport à 2020.
Parmi les femmes décédées, 32 % avaient déjà subi des violences, qu'elles étaient 64 % à avoir signalé aux forces de sécurité ; 84 % avaient déposé une plainte. Un auteur, seulement, était sous contrôle judiciaire ; deux victimes faisaient l'objet d'une ordonnance de protection. La région Occitanie est la plus exposée en métropole, avec dix-neuf victimes, dont trois dans l'Hérault, le département où se trouve ma circonscription.
Voilà pour les chiffres, la litanie des chiffres, lapidaires et terribles. Nous les répéterons à l'envi tant que cela sera nécessaire, en hommage aux victimes, pour ne pas oublier – pour ne surtout pas les oublier.
Je salue cette proposition de loi car, malgré le travail fourni par les ministères, les associations, les magistrats, les forces de l'ordre, les parlementaires, les mesures récentes n'ont pas suffi, les chiffres parlent d'eux-mêmes.
Il faut donc renforcer la réponse et soustraire les victimes à leur bourreau en leur permettant de quitter le domicile conjugal. C'est d'autant plus urgent que 62 % des femmes victimes n'exercent pas ou plus d'activité professionnelle et que, pour 59 % d'entre elles, il est absolument nécessaire de quitter le domicile. Il est heureux que l'avance d'urgence soit universelle, sans condition de ressources. Ce dispositif doit être, pour la victime, la première étape de sa reconstruction et il est juste que le droit d'en bénéficier lui soit notifié dès le dépôt de sa plainte.
Il faut espérer que l'existence de ce dispositif incitera les victimes à porter plainte. On estime qu'en moyenne seulement 10 % des femmes le font, ce qui est trop peu. Il y a quelques semaines, dans le cadre de l'examen du projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur (Lopmi), j'ai proposé que les victimes de violences conjugales puissent porter plainte à l'hôpital, ou dans tout autre lieu que la gendarmerie ou le commissariat. Il peut être en effet difficile, et parfois dangereux, de solliciter les forces de l'ordre à l'insu de son conjoint. Que la loi prévoie cette possibilité permettrait d'éviter des procédures plus complexes, imposant par exemple aujourd'hui la signature de conventions entre les hôpitaux, les services de sécurité et le procureur. Peut-être serait-il temps de renforcer également les mesures d'éloignement ou d'interdiction de certains lieux ?
Comment aller plus loin encore ? Je regrette que les peines encourues dans le cas où le harcèlement conduit la victime à se suicider ne soient pas plus sévères. En 2021, 684 victimes du harcèlement de leur partenaire ont tenté de se suicider ou se sont suicidées.
Je voudrais également évoquer ici les violences faites aux hommes, trop souvent sous-estimées ou passées sous silence. N'en déplaise à certains, les hommes peuvent être victimes de violences conjugales !