En défendant la valeur travail, cette proposition de loi ne peut que défendre le modèle social et le dialogue social. Vous auriez pu l'améliorer, mais vous nous opposez un refus a priori. Elle s'inscrit dans une démarche volontaire de l'entreprise, car nous prenons en compte la réalité : nous ne faisons pas de promesses vaines ni en l'air. Nous savons que de nombreux entrepreneurs rencontrent des difficultés. Mais nous savons aussi que nombre d'entre eux, en particulier des petits entrepreneurs, cherchent un moyen d'augmenter les salaires. Ils savent que leurs salariés n'arrivent plus à vivre dignement avec leur salaire et que beaucoup d'entre eux hésitent même à prendre leur voiture le matin pour aller travailler, tant la différence entre le travail et l'assistanat est insuffisante, compte tenu du niveau des prix du carburant. Ils savent que, pour garder les talents, il faut mieux les rémunérer et que leurs employés attendent cette juste rémunération.
Il s'agit donc de répondre à cette attente en élargissant l'éventail des solutions. Pourquoi refusez-vous, par obstruction, de multiplier les moyens donnés aux entrepreneurs d'augmenter les salaires ? Si vous êtes de bonne foi et considérez qu'il convient de le faire, offrez-leur le plus de solutions possibles, ouvrez les portes et les fenêtres, ne les refermez pas par pur sectarisme. Nous voyons bien là, malheureusement, votre mauvaise foi.
Ce n'est que si les entreprises le peuvent et que s'il y a un dialogue social, s'il y a un accord entre les salariés, les syndicats et la direction, que cette exonération de charges s'appliquera aux salaires qui auront été augmentés de 10 %. Cette proposition est parfaitement pragmatique, j'y insiste.
Imaginons même, pour vous prendre au mot, que cette proposition ne fonctionne pas : qu'importe ? Si elle fonctionne, tous les salariés et toutes les entreprises y gagneront ! Si ce n'est pas le cas, comme votre dispositif de primes, elle restera une possibilité malheureusement marginale et nous trouverons une autre solution. C'est la particularité d'une opposition pragmatique, qui cherche à formuler des propositions concrètes, qui pense aux Français et prend le risque de l'échec – car, au contraire des macronistes, nous ne pensons pas détenir la science infuse ; bien malin celui qui peut savoir à l'avance quelle mesure économique fonctionnera ou non. Il faut ouvrir des possibilités et des libertés, faire confiance aux acteurs économiques et à l'intelligence des Français, faire confiance à l'esprit d'initiative…